Le voyage d’Oregon – zil et compagnie19 décembre 2016 at 22 10 11 121112 Répondre
[…] Et si vous voulez faire découvrir à vos élèves l’univers de Rascal et ses textes réticents et proliférants, je vous invite à lire cet article. […]
Voici le résultat d’un travail de plus d’un an ! Le résultat : 95 pages clé en main pour mener la séquence.
Je ne vais pas m’en cacher, Rascal est mon auteur préféré ! Pour pas mal de raisons : j’aime la qualité de son écriture, le mot juste qu’il trouve toujours, ses histoires faussement naïves et vraiment profondes. Et surtout le fait que ses textes proposent un double niveau de compréhension, pour peu qu’on prenne le temps de le chercher.
L’ensemble de la séquence fait 15 séances, mais toutes ne sont pas indispensables pour aller au bout du projet.
Concernant les livres à posséder et à avoir en classe, je vous en conseille 3 : Ami-Ami, Le voyage d’Oregon et Moun. Ils sont édités chez L’école des Loisirs et existent dans la collection Pastel, à 5.60€. Les autres, hormis Petit Lapin Rouge, sont de toute façon épuisés et introuvables.
Comme objectifs à atteindre en menant cette séquence, j’ai essayé d’amener les élèves à :
– Utiliser un réseau autour de l’auteur pour que les textes s’éclairent les uns les autres
– Découvrir l’univers de l’auteur
– Se confronter à des textes résistants et proliférants
– Comprendre les non-dits d’une histoire en s’appuyant sur les connaissances acquises sur l’auteur
– Rentrer dans la symbolique de certains éléments récurrents chez l’auteur (les saisons comme cycle de la vie, le feu qui détruit et purifie, l’eau qui purifie, le voyage géographique et initiatique)
– Comprendre le rôle de l’épigraphe chez Rascal comme un indice de compréhension des non-dits de l’histoire.
La séquence est elle même divisée en 3 parties.
La première est une sorte de « mise en bouche » permettant de découvrir Rascal, qui va permettre à l’élève de se rendre compte que sous ses airs d’histoires parfois un peu niaises, il faut creuser pour trouver le vrai sens. Dans cette première partie, je propose l’étude de Petit Lapin Rouge (telle qu’elle est proposée par Catherine Tauveron dans Lire la littérature à l’école), Ami-ami (je me suis bien appuyé sur le dossier trouvé ici) et Le voyage d’Oregon (là, je ne dois rien à personne 😛 )
La seconde partie permet d’apporter quelques titres en plus au réseau. On découvre Moun, Pied d’Or et La nuit du grand méchant loup aux élèves (1 séance pour chaque album).
Enfin, la dernière partie est la plus intéressante : c’est celle qui va permettre de lever la compréhension de 2e niveau en mettant en relation les différents albums, qui vont venir s’éclairer les uns les autres. Cela permet de comprendre la symbolique de certains éléments (les saisons, l’eau, le feu, le voyage, les masques, la naissance, l’horizon) en les comparant dans les différentes histoires (de nouveau, ce travail est repris dans l’ouvrage de Catherine Tauveron, que l’on peut aussi consulter ICI).
Enfin, en guise d’évaluation (formative ou sommative, à vous de voir), une dernière séance sur La route du vent est proposé.
Le plan de la séquence et le tableau synthèse complété
La séquence 1 : Découverte de l’auteur
La séquence 2 : apport de nouveaux textes
La séquence 3 : les enjeux du réseau intra-textuel
Pour ceux qui ne connaissent pas ces albums, une rapide description de chaque :
Petit Lapin rouge : des airs de conte détourné dans les premières pages, jusqu’à la rencontre avec le vrai Petit Chaperon rouge. Une fin ouverte absolument « délicieuse » !
Ami-ami : l’histoire d’une amitié improbable et impossible entre un lapin borné et un loup au grand coeur (vraiment ?). Tout l’intérêt de cet album réside dans l’incertitude permanente concernant les réelles intentions du loup (« Je t’aime comme tu es »- Comme tuer ? ). D’ailleurs, la fin de l’histoire se cache dans le titre, vous l’avez trouvée ? Un album dans lequel le rôle des illustrations est primordial !
Le voyage d’Oregon : mon coup de coeur littéraire ! C’est déjà celui que j’avais présenté au CRPE (il y a presque 10 ans, pffff !). L’histoire, sous forme d’une quête
spirituelle, d’un clown nain, mal dans sa peau, sans se l’avouer, qui va traverser les Etats-Unis d’est en ouest à la demande d’un ours. Ok, sur le papier, c’est étrange… Mais encore une fois, la beauté des mots, la poésie, les références (Rimbaud, Van Gogh, Kerouac), les illustrations, les couleurs et leur signification montrent que Rascal produit des histoires entre les lignes desquelles il faut chercher la vraie signification de l’histoire (d’ailleurs, les épigraphes présents dans la plupart de ses livres nous en montrent le chemin).
Moun : cet album est inspiré de l’histoire de Sophie, l’illustratrice et la femme de Rascal. L’histoire d’une fillette née en Asie pendant la guerre, et dont les parents n’ont d’autre choix que de se séparer pour espérer sa survie. Elle est confiée à l’océan et grandira de l’autre côté de l’horizon.
Pied d’Or : un cochon tirelire décide de quitter la chambre dans laquelle il a toujours vécu pour aller découvrir le monde. En partant, il rencontre une poupée cachée, cassée, sale. Il la lave, la rhabille et l’emmène avec lui. Une histoire qui nous promet un voyage mais celui-ci ne nous sera pas conté.
La nuit du grand méchant loup : des jouets, lassés d’être délaissés par leur propriétaire qui préfère à présent les livres, décident de quitter la maison pour partir à l’aventure. Ils rencontreront des personnages de contes, et se rendront compte que le monde est plein de danger !
La route du vent : encore une histoire qui parait très simple à la première lecture, mais le texte est résistant. En trame de fond, l’histoire de trois animaux qui vivent en haut d’un mur, au milieu d’un désert. Un jour le vent ne leur apporte plus son lot de graines, et la sécheresse les pousse à quitter leur mur pour gagner la ville. Passé ces éléments narratifs, c’est en fait un texte sur les différents âges de la vie.
Fanchon : Un texte très résistant, que les élèves ne comprendront d’abord pas du tout, mais qui viendra être éclairé par les autres textes étudiés. L’histoire d’une petite fille trop sage, qui à force de vouloir faire plaisir, en oublie de s’épanouir. Elle se fera violence pour grandir.
Pour ceux qui apprécient cet auteur, voici quelques liens qui permettent d’en savoir un peu plus sur lui : ICI, ICI, ICI ou encore ICI et LÀ.
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[…] Et si vous voulez faire découvrir à vos élèves l’univers de Rascal et ses textes réticents et proliférants, je vous invite à lire cet article. […]
[…] Et si vous voulez faire découvrir à vos élèves l’univers de Rascal et ses textes réticents et proliférants, je vous invite à lire cet article. […]
Merci pour ce formidable travail ! J’aime la littérature de jeunesse mais j’ai du mal à transmettre cette passion à mes élèves. Ton approche permet de l’enseigner différemment. Un grand merci !!!
Bon, ok. Je m’incline. 😀 Bravo pour ce travail!!
Merci ! J’ai vraiment aimė ton travail, très complet sur l’album, et qui permet d’explorer chacune de ses facettes (je crois qu’il n’y a vraiment que le travail sur les coleurs des illustrations au cours de l’histoire que je n’ai pas vu dedans). J’ai une question d’interprétation à te soumettre, puisque tu connais bien l’album : penses-tu queOregon ait vraiment existé dans cette histoire ? Je me pose la question
Ah, je n’avais pas eu cette idée. Tu penses que l’ours est une sorte de métaphore de l’inconscient de Duke? Son désir de liberté incarné? Maintenant que j’y pense… ça paraît presque évident! ça me donne envie de le relire du coup..
Exactement, mais c’est une hypothèse personnelle, c’est pour ça que je te demande comment tu l’as perçu. A aucun moment dans l’histoire un autre personnage ne relève la présence d’Oregon, alors qu’ils font du stop, dorment dans un motel, prennent le bus, …
Et puis, un ours qui parle ! Juste une fois, juste à Duke..
(Et puis les hamburgers… c’est pas possible…et un ours qui fait du stop… non plus!!) Il faudrait vraiment que je le relise attentivement, mais je crois que ton interprétation est tout à fait recevable!! Je ne l’avais pas envisagée!!
C’est qua nd même formidable la littérature de jeunesse ! Qui aurait pensé que l’on puisse pousser l’interprétation aussi loin avec des cycle 3 ?
J’adore Rascal!!
A la lecture de ton interprétation, j’ai relu l’album.
Pour moi, le voyage de Duke reste la métaphore d’un retour à soi, comme l’enfance retrouvée.
Oregon serait donc le personnage fantasmé par Duke qui l’aiderait dans sa quête d’identité vers la liberté et l’estime de soi.
En ce sens, le choix de l’ours par l’auteur prendrait tout son sens car il est plus ou moins l’archétype de l’enfance…
Rhôo, je pars le relire!!
Je pense que c’est une bonne analyse. : le symbole d’une enfance que Duke aurait du mal à quitter, par peur de s’assumer en tant qu’adulte, et qu’il finit par quitter à la fin de l’histoire. Un indice qui argumenterait cette interprétation encore : l’univers dans. Lequel se déroule cette histoire est un univers vraisemblable, réaliste. En témoignent les lieux, les références culturels, la Chevrolet 1936, la rencontre avec Spike qui souffre lui aussi de la différence. Le seul élément qui parait imaginaire est cet ours.
Félicitations pour ce magnifique blog!
Je suis pour ma part incapable d’analyser, interpéter les oeuvres littéraires, ça m’éneeeeeeeeeerve! Je suis très admirative de ceux qui arrivent à dire beaucoup plus que « j’aime, j’aime pas »! Je passe à côté de beaucoup de choses…
Sans doute le fais-tu sans t’en rendre compte, ptitejulie!
Toute lecture est une interprétation puisque tu te forges un sentiment dès les premières pages… Moi, j’adore chercher dans les albums de littérature de jeunesse les références artistiques, je ne peux pas m’empêcher de le faire (comme je le fais aussi en regardant une oeuvre et en cherchant à quelle autre l’associer)…
OlivierI, en nous proposant une lecture fine des œuvres de Rascal, tu n’as pas fini de me retrouver ici! (et t’es-tu penché sur l’oeuvre de Ponti??)
Merci de me rassurer, je t’assure que c’est une grande frustration!
Les premières interprétations que l’on voit sont souvent celles vers lesquelles on nous a menés. C’est seulement après, une fois que l’on en a rencontrer un certain nombre que l’on est assez armé pour s’y aventurer seul. Et puis, certains interprétations/références sont plus simples à percevoir que d’autres.
Si tu as l’occasion, il y a quelques pages qui sont consacrées à cette question dans Enseigner la littérature à l’école, de Catherine Thauveron .
Elcaracol : je n’ai jamais réussi à accrocher l’oeuvre de Ponti, je pense que je ne la comprends pas. Son univers est magnifique, mais je me demande encore ce qui se cache derrière.
Quelle magnifique exploitation !!!
Mille mercis pour l’originalité de ton travail.
Merci à toi Ycrol pour ce message !
Je viens de découvrir votre blog et je suis époustouflée par la qualité des documents proposés .
Un grand merci pour votre partage et une grosse bise (aussi) car vous m’avez remotivée : je travaille à 1 heure du matin avec sourire … et plaisir!
Avec plaisir ! Et ton message me permet de démarrer la journée avec le sourire, merci à toi aussi !
Quel travail! merci. Je cours relire Rascal.
Mais de rien ! Merci à toi pour ce passage et ce petit mot