En remplacement pour l’année sur un mi-temps dans une classe de cycle 3, je me suis inscrit au mois de septembre sur le site du magazine L’école Aujourd’hui (LEA) pour participer au Prix des Lecteurs 2014. Le principe : la rédaction nous envoie sa sélection de livres (4 albums, 4 romans). Nous les travaillons en classe et devons désigner notre préféré dans chaque catégorie.
Voici la plaquette de présentation du concours : Ici
Dans la classe, le choix a été presque unanime.
Dans la catégorie Album, c’est Le fil de soie, de Cécile Roumiguière qui a obtenu notre vote.
Marie-Lou aime regarder sa grand-mère travailler : c’est une excellente couturière. Elle suit des yeux les doigts qui courent sur le tissu et l’écoute fredonner un chant dans une langue inconnue. Quel est ce chant ?
Marie-Lou sait que sa grand-mère cache un secret. Et pour son anniversaire, elle lui a demandé de le lui révéler. Elle le fera, à sa façon : en le brodant sur une robe de poupée. La petite fille découvrira ainsi le secret de sa famille et apprendra, enfin, d’où elle vient.
Une très belle histoire, dans laquelle un secret de famille est révélé : la déportation de la grand-mère durant son enfance, et ses souvenirs dont elle ne veut pas parler.
Un très bel album pour les plus grands, qui y trouveront des allusions à la Seconde Guerre mondiale, sans qu’elle soit nommée.
Un magnifique album, dans lequel les illustrations occupent une place importante. Leur style est particulier et elles demandent un travail d’interprétation. En connaissant la fin de l’histoire, on s’aperçoit que le secret de la grand-mère nous était en fait révélé au fur et à mesure de la lecture dans les illustrations.
Une présentation des illustrations en musique :
Dans la catégorie Roman, c’est L’arbre à l’envers, de Pauline Alphen, qui a été préféré.
L’histoire se passe en Argentine. Paulo vit la journée la plus bizarre de sa vie : il enterre son grand-père dans un cimetière qui ressemble à une plage et sa mère entre à la maternité. Il va donc passer quelques jours chez sa grand-mère.
Il profitera de ces moments pour se remémorer l’histoire de son grand-père Arthur, juif français du XXe siècle, et on connaîtra celle d’autres de ses aïeux, à travers le récit fait par sa grand-mère.
L’Histoire trouve aussi sa place dans le récit, notamment à travers des objets (le tapis du grand-père ou la pipe-tomawak).
La plus belle partie de ce livre se cache dans le bureau d’Arthur, pièce dans laquelle Paulo n’avait pas le droit d’entrer jusque là. Il y fera une découverte qui le rapprochera de son grand-père, et de toute sa famille.
Cette histoire est à peu près inclassable : elle se situe entre le roman de vie, le fantastique, l’œuvre poétique et le journal intime.
Ce qui m’a plu dans ce texte, en plus de l’histoire dans laquelle se mêle naissance et deuil, jeunesse et vieillesse, tristesse et joies, ce sont aussi les mots justes et simples pour parler de la douleur.
Dans le cimetière, en voyant des gens autour d’une tombe :
« –Ils disent à ceux qui sont partis qu’il leur manque mais que la vie continue. Comme quand tu tombes Paulo. Tu as mal, tu pleures mais après tu continues quand même à jouer.
Si les morts sont comme des cicatrices, je connais : ça veut dire que ça ne fera plus aussi mal un jour.Mais ça veut dire aussi qu’ils seront toujours là. La cicatrice de quand je suis tombé à vélo et celle du rocher quand j’ai plongé dans la mer, je les ai toujours. Elles ne sont plus rouges, mais blanches. Je viens de vérifier.Si les morts, c’est comme les cicatrices, on les garde à vie. »
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