Gestion des comportements et SUPER élèves

Bonjour à tous !

C’est (encore) un article fleuve qui s’annonce, je vais donc commencer par faire un résumé sommaire du contenu et développer ensuite pour ceux qui auront envie d’en savoir davantage. Je vous livre ici le résultat d’un projet qui m’a déjà pris plusieurs mois de réflexion et de maturation des idées, en plus des 4 mois nécessaires à sa réalisation. Vous connaissez tous les SUPER élèves, système de gestion des comportements mis au point par Marina, du blog Mais que fait la maîtresse ? C’est un système de gestion basé sur la classification des comportements attendus des élèves : Sérieux, Ultra soigné, Pacifique, à l’Écoute et Rapide. Dans son système, les élèves qui ont réussi à respecter les attendus pendant 3 semaines consécutives gagnent une carte représentant la qualité mise en jeu, et peuvent se la faire reprendre en cas d’infraction.

L’incontournable Orphée a ensuite complété ce système, en proposant à ceux qui n’avaient commis aucune infraction au cours de la semaine de gagner une carte à collectionner, raccourcissant ainsi la durée au bout de laquelle une gratification intervient et a eu l’idée géniale d’y ajouter un collecteur.

J’ai testé ces systèmes et j’en ai apprécié beaucoup de points, mais j’y ai trouvé certaines limites. J’ai cogité à la manière de contourner celles que j’ai observées, notamment la perte de motivation des élèves à partir du moment où ils ont eu un comportement sanctionné, et ce jusqu’à la fin de la semaine. Ils n’ont dans ce cas plus rien à GAGNER durant ce laps de temps et ont tendance à se relâcher un peu trop. L’idée a été de tourner ce système de manière à proposer des renforçateurs quotidiens de comportement dans un premier temps, afin que les élèves aient entre leurs mains le soir même la récompense des efforts et de leur attitude de la journée. Ces renforçateurs seront à échanger contre une carte (à collectionner) le vendredi si l’ensemble des lettres de l’acronyme SUPER lors de la semaine sont en vert dans le tableau de suivi. Mais j’ai aussi doublé ce dispositif avec un système de points à gagner chaque jour et à échanger contre des avantages (l’équivalent d’un système de gain par économie de jetons, pour ceux qui connaissent). Ce gain de points leur permet d’avoir un bénéfice à tirer malgré une semaine imparfaite.

Afin de mettre tout cela en place, vous allez trouver dans cet article :

  • 2 jeux différents de cartes à collectionner, et leurs collecteurs (importants, car ils permettent de se rendre compte des «trous » que l’on aura eu au cours de l’année, et un comportement débordant ou pas adapté a des conséquences sur la possibilité de pouvoir avoir une collection entière à la fin de l’année). Le premier jeu est une collection de super-héros animaux. La seconde est une collection de personnalités qui se sont démarquées par leur courage ou leurs engagements ;

  • des badges qui servent de renforçateurs quotidiens à distribuer aux élèves qui n’auront pas eu de comportements sanctionnés, qu’on récupère en fin de semaine ;
  •  un système de points à gagner en parallèle, qui permettra d’échanger ensuite les points obtenus contre des privilèges ;
  • un graphique sur Canva (mais disponible aussi sur Excel) afin de voir les points disponibles pour chacun, à compléter en fin de journée ;
  • une liste de récompenses possibles, et une valeur en points attribuée pour chacune ;
  • des tickets sur lesquels écrire les privilèges échangés par les élèves, et la valeur du privilège échangé ;
  • le règlement de la classe, basé sur les comportements attendus des SUPER et rédigé de manière à expliciter les attendus, et non sous forme d’une liste d’interdictions ;
  • un affichage mettant en avant les enfants qui ont réalisé des actions altruistes durant la semaine ;
  • des affiches Émotions, afin que chacun identifie comment il se sent et situe son humeur du moment, et que cela puisse être pris en compte par ses pairs afin d’avoir un climat de classe plus apaisé ;
  • un collecteur de tampons, qui sont à gagner en cas de travail parfaitement réalisé et à échanger une fois rempli contre un bonus de points ;
  • tout un rituel en lien avec le 2e jeu de 36 cartes à collectionner, représentant les personnalités marquantes : en plus des cartes à collectionner et du collecteur, j’ai construit un Genially qui va permettre de lancer la classe dans une énigme construite avec 3 indices pour deviner le héros de la semaine. Un indice est dévoilé chaque jour du lundi au jeudi, et le vendredi on dévoile une courte ressource qui permet de découvrir les actions, le courage ou l’héritage de cette personnalité. Le Genially est à retrouver par ici : https://view.genial.ly/655b306c25f9300010625a0b/interactive-image-super-eleves

A présent, on peut entrer dans le vif du sujet !


Info : tous les documents à télécharger sont à retrouver en fin d’article.

En imaginant la manière de compléter les dispositifs existants, je suis parti de 2 postulats :

  • il vaut mieux anticiper et réguler les comportements plutôt que d’agir une fois que le lait a débordé;
  • il est plus efficace de renforcer des comportements attendus que de sanctionner des écarts.

Ça parait tellement évident dit comme ça, et il n’y a pas débat sur le sujet mais le mettre en oeuvre au quotidien n’est pas toujours facile. C’est donc en ayant ces éléments en tête que j’ai imaginé des outils nécessaires pour le rendre possible et efficace.
Les spécialistes (sociologues – psychologues) ont établi qu’en moyenne, 80% d’une cohorte va bien tourner, 15% d’entre eux vont avoir des risques de dérapage et 5% seront en opposition. Ce n’est pas pour les 80% qu’on aura besoin  de mettre en place des renforçateurs, mais ça les boostera tout de même, c’est pour les 15% qui peuvent être sur la tangente et qu’on espère pouvoir accrocher et tenir dans une dynamique de motivation et d’implication. Pour ceux qui malmèneront le plus le groupe classe (on a tous quelques prénoms qui nous viennent en tête), il y a des gestes professionnels à avoir mais rien n’est jamais facile avec eux. Je ne me plongerai pas dans ces cas dans cette articles, mais je listerai des pistes de lecture, conférences et ressources utiles en fin d’article.


Le système mis au point par Marina de « Mais que fait la maitresse » m’avait séduit car il permettait de pouvoir expliciter et classifier les comportements attendus, et de pouvoir raccrocher un comportement « à côté » à un item connu des élèves. J’ai adoré découvrir le plus qu’Orphée avait apporté, en y ajoutant une récompense le vendredi pour ceux qui avaient passé une semaine impeccable (car à mon sens, plus un élève est fragile en terme de comportement, plus il faut être régulier dans l’attribution des renforçateurs). Orphée propose de gagner des cartes à collectionner qui sont distribuées de manière aléatoire, et qui peuvent permettre de se construire un deck de cartes à jouer.


On peut être pour ou contre les systèmes de récompenses, mais je suis convaincu qu’elles sont nécessaires (la mienne s’appelle « salaire » et je ne suis pas persuadé que j’irais bosser sans elle ^^ ). On fait des efforts pour OBTENIR quelque chose, et non pas parce que c’est un devoir. C’est le principe même de la MOTIVATION. Alors oui, on aimerait tous qu’elle soit intrinsèque à chacun des élèves, qu’ils soient mus par un désir d’apprendre et d’évoluer dans un cadre safe et sécure qu’ils entretiendraient d’eux-mêmes. Mais vous connaissez la réalité de la classe, il faut un petit coup de pouce à beaucoup pour leur donner une raison de se mobiliser dans la durée.

Pour l’anecdote, l’an dernier j’ai été en remplacement dans une classe particulièrement compliquée : multi-niveaux, des enfants qui n’avaient plus aucune envie de fournir le moindre effort, pas de mise au travail, pas d’endurance à la tâche, aucun souhait d’aller au bout de ce qui était commencé, et des relations très houleuses entre eux, avec des crises de larmes régulières, des rancoeurs qui couvaient, de l’agressivité, beaucoup d’égoïsme, une relation à l’adulte qui n’était ni équilibrée ni appropriée… J’ai utilisé (entre autres) les SUPER et je distribuais (récompensais d’) une carte (prise chez Marina) à chaque fin de journée à ceux qui avaient réussi à rester dans le vert pour tous les critères (peu nombreux au départ, puis de progressivement, de plus en plus), et lorsqu’ils avaient réussi à en obtenir 4, ils pouvaient me l’échanger contre une carte privilège. Ça a vite pris (ouf !) et très vite j’ai vu des enfants sortir de l’école en fin de journée avec leur carte dans la main pour la montrer à leurs parents. Ça a fini de me convaincre de l’utilité d’utiliser un système de régulation des comportements, qui ont des critères objectifs, énoncés et explicites et des récompenses à gagner.


Par quoi commencer ? Je ne vais pas revenir sur le fonctionnement des SUPER, vous le trouverez très bien expliqué sur le blog Mais que fait la maitresse, ainsi que des docs nécessaires pour mettre ce système en place. Orphée a travaillé à une refonte graphique des affichages, fiches de suivi de la classe et individuelles, explications aux parents qui est superbe.


Pour aborder mes apports, pourquoi ne pas commencer par l’affichage des états émotionnels de chacun ?

Certes, ce n’est pas de la gestion de classe à proprement parler, mais c’est un outil qui a des avantages sur le climat général. Je m’explique : ça peut paraitre une évidence, mais identifier son état émotionnel n’est pas quelque chose d’inné chez les enfants et tous n’en auront pas fait un apprentissage complet, même en arrivant en fin d’élémentaire. Et appréhender ses émotions passe déjà par savoir laquelle je ressens à un moment donné, avec quelle intensité et comment se nomme cette nuance, de quoi je peux avoir besoin à ce moment-là. Vous avez déjà essayé de vous concentrer en étant particulièrement contrarié(e), agacé(e) ou déçu(e) ? Et si en plus, vous en avez les effets mais ne savez pas de quoi il s’agit, imaginez ce que ça peut donner. Alors cet outil me parait important à avoir en affichage collectif, que les élèves s’en emparent, viennent placer leurs étiquettes-prénoms en face de l’émotion qui leur correspond. Une place stratégique pour ces affiches est donc dans le passage, pour que tous passent devant en arrivant le matin.  Et il est bien entendu possible de modifier la place de son étiquette plusieurs fois au cours de la journée, les émotions n’étant ni fixes ni stables sur cette durée. L’autre avantage de cet outil est que les autres, nous y compris, pourront tenir compte de l’état émotionnel d’un enfant pour réagir, aller vers lui ou lui laisser de l’air. On pourrait même instituer un moment de « pour quelles raisons je me sens comme ça », mais rien d’obligatoire, et pas forcément non plus à faire en groupe classe, ça demande beaucoup de confiance en lui, notamment pour exprimer les raisons de ce qui concerne des émotions désagréables.

J’ai mis 6 émotions différentes dans lesquelles ils vont retrouver : le joie, la tristesse, la colère, la peur, le dégoût et la honte. Pour chacune de ces émotions, j’ai proposé 3 nuances d’intensité différentes, et un petit texte pour aider à mettre des mots sur ce qu’on peut ressentir (aider à identifier) et des suppositions de besoins, afin de proposer une solution si ce n’est pas une émotion agréable.


Revenons à nos SUPER affaires : vous l’aurez compris, la régulation des comportements tient donc dans l’envie et la motivation que les élèves vont mettre dans leur application à respecter les règles établies. Je suis partisan du fait que les règles de la classe ne sont pas à construire avec les enfants (même si ça peut faire grincer des dents). Je leur donne mon cadre, et une fois que celui-ci est compris et respecté, on voit ensemble les aménagements qu’il est possible de faire. Mais ce ne sera pas une démocratie, ça se fera si je suis en accord avec la proposition et avec mes conditions (je dois être tyran sur les bords !). Vous trouverez donc le règlement de la classe déjà formulé de manière assez générale pour qu’on puisse y rattacher les différents moments qui rythment la journée, et qui reprend les comportements attendus des élèves. Ce règlement est affiché en classe, et présent au début des cahiers de liaison.


Une fois que la journée est passée, prenez un temps de bilan de la journée au cours duquel, pour les élèves qui n’auront pas eu de comportements débordants et/ou illicites :

1°  ils obtiennent un badge de récompense quotidien les lundis – mardis – jeudis

2 ° ils obtiennent 5 points qu’on entre dans le diagramme de suivi.

Ils ont donc comme fonction d’être des renforçateurs quotidiens pour les élèves, et viennent récompenser les comportements attendus tout au long de la journée, que ce soit en termes d’attitude ou d’efforts et de travail. Il y a 3 formes de badges différentes : une pour le lundi, une pour le mardi et une pour le jeudi. Je ne voyais pas l’utilité d’en créer une spécifique pour le vendredi, car il aurait été distribué et ramassé dans la foulée. L’assemblage de ces 3 « étages » de badge permet de recréer un logo de super héros. Détail pour le fun, j’ai mis des particules de noms sur chacun des badges, ce qui permet, puisqu’ils sont distribués de manière aléatoire, de créer des noms de super héros pour la semaine comme « Tempête cosmique de glace », « Étincelle galactique de l‘Aube », « Furie fantôme des Cieux » ou « Esprit foudroyant de la Justice ». Sachant qu’il y a 18 badges différents pour le lundi, 12 différents pour le mardi et 20 différents pour le jeudi, ça nous fait un total de 4 320 possibilités de noms différents. A quoi ça sert ? Concrètement, juste à apporter un peu de motivation en plus, et d’envie de décrocher son badge quotidien 😊
Lorsqu’un élève décroche son badge du lundi, on lui distribue (de manière aléatoire !) et il l’accroche sur un coin de sa table avec de la Patafix. S’il obtient celui du mardi, il le positionne par-dessus celui du lundi, et idem pour le jeudi. Le fait d’avoir son badge affiché sur la table tout au long de la journée est un motif de gratification, tout comme voir qu’il en manque un pendant le reste de la semaine peut en aider certains à réfléchir sur les conséquences d’un moment d’égarement. La question d’avoir un badge pour le vendredi s’est posée, mais je ne voyais pas l’utilité de distribuer et ramasser les badges pour les échanger tout de suite après contre l’image de la semaine, à coller dans le collecteur. Alors certes, celui qui a raté un badge dans la semaine, mais a été top le vendredi n’a rien pour venir le souligner (sinon mes félicitations), c’est un angle mort du dispositif.

Et le vendredi donc, c’est le moment de faire le bilan de la semaine. Les loulous sortent leurs cahiers de liaison et colorient les lettres selon la couleur qui reflète le bilan pour chacune des lettres de l’acronyme SUPER. Si une lettre a été verte pour tel enfant toute la semaine, il la colorie en vert. S’il a été sanctionné une fois, elle passe rouge. De cette manière, les parents ont une vue sur la semaine. C’est aussi le moment de distribuer les images / vignettes qui viennent récompenser une semaine parfaite. On ramasse les badges quotidiens (pensez à les classer dans 3 boites différentes, ça vous facilitera la distribution la semaine suivante), et ceux qui ont eu une semaine toute en vert obtiennent leur gratification qu’ils collent dans leur collecteur (collé dans le cahier de liaison, ou glissé dans un porte-vue). J’ai fait le choix d’attribuer une vignette DIFFÉRENTE chaque semaine, de manière à faire en sorte que l’objectif soit l’obtention de la collection complète ! En cas de raté dans la semaine, j’ai prévu de pouvoir tout de même regagner une ancienne vignette ratée, mais ça sera à échanger en privilège contre des points, mais beaucoup.

Dans son article sur les Super élèves, Orphée propose d’imprimer ses cartes sur du papier autocollant, l’idée est géniale !

C’est le moment où vous allez devoir retrousser vos manches, parce qu’il y a de la préparation matérielle. Pour que les badges durent dans le temps, il faut les plastifier APRES les avoir découpés, et c’est à faire en se mettant au plus près des contours de l’images. Au bas mot, il y en a bien pour 2 heures… J’ai vu qu’il était possible de réaliser des impressions sur un support transparents, mais je n’ai jamais tenté. Ça peut être une bonne alternative. Si quelqu’un a essayé et veut nous faire un retour, je suis preneur et je partagerai. Une fois plastifiés, on peut découper autour des badges de manière plus grossière, la transparence du papier à plastifier ne gêne pas.

Images imprimées sur feuilles blanches, découpées puis plastifiées

Ce 2e système vient en parallèle de celui de badges et de vignettes. Il a été voulu afin qu’un enfant qui a eu une lettre en rouge le lundi ne soit pas en roue libre pour la semaine car il n’aurait rien à gagner. Chaque journée passée pour laquelle toutes les lettres de SUPER sont restées en vert gagne 1 point. Ces points sont ajoutés chaque jour dans le tableau de suivi. Afin de le rendre visible, je vous propose 2 outils de suivis distincts :

un Template Canva pour ceux qui l’utilise (plus joli, plus ergonomique, mais il faut une connexion internet, un TBI et un compte Canva – gratuit, même si la version enseignant est gratuite avec votre mail pro, c’est bon à savoir) : vous entrez les prénoms des élèves de la classe dans une colonne, vous ajoutez les points gagnés pour chacun et le graphique prend forme.

Vous trouverez le Template à cette adresse :

https://www.canva.com/design/DAFzqneIvTU/sc2fp6c76871-O2wWArlbA/view?utm_content=DAFzqneIvTU&utm_campaign=designshare&utm_medium=link&utm_source=publishsharelink&mode=preview

  • un fichier Excel qui remplit le même rôle, mais sans besoin de connexion ni de compte Canva (moins joli). Je vous donne le fichier, mais il va y avoir quelques modifications pour le personnaliser. En l’ouvrant, vous commencez par entrer les prénoms des élèves de votre classe dans la première colonne. Ensuite, vous sélectionnez les 2 colonnes et vous faites le raccourci «Contrôle + Majuscule + Q », vous allez dans l’onglet Graphiques, et vous sélectionnez Histogramme. Votre diagramme va s’afficher. Pour remplacer celui que j’ai mis en exemple, vous le supprimer, et vous ajoutez de la transparence au fond du nouveau créé. Vous faites un Clic Droit dans sa zone de fond, Format de la zone graphique, onglet Remplissage, choisissez Aucun remplissage. Et l’affaire est dans le sac !

A quoi peuvent servir ces points ?

Ce second système doit permettre de décrocher des privilèges, du coup obtenus par un bon comportement au cours d’une journée. J’ai listé et classé toute une série de privilèges qu’il est possible de mettre en oeuvre, mais la liste n’est pas exhaustive, c’est pourquoi je vous la laisse en format modifiable. Libre à vous de la compléter. La police utilisée est OpenDyslexic, si je n’oublie pas, je la mets dans le dossier avec les fichiers à télécharger, sinon elle est sur le site Dafont. J’ai aussi choisi une valeur pour chaque privilège, qui correspond au nombre de points qu’il faut échanger pour l’obtenir.

J’ai fait le choix de ne pas mettre en place un système de responsabilités tournantes car, avouons-le, les élève se précipitent ou se réjouissent d’en occuper certaines, mais ne seront pas emballés par d’autres. Du coup, il est toujours possible de réaliser des actions de mise en valeur pour la classe, mais c’est un privilège et non plus une responsabilité. Pour chacun des privilèges, on peut jouer sur le nombre de points que ça vaut et sur la durée pendant laquelle les élèves vont l’avoir. Ce sera une variable qui peut bouger dans l’année.

Si vous avez d’autres idées de privilèges, n’hésitez pas à les partager !

Je vous ai aussi préparé des tickets afin de procéder à l’échange points / privilèges. Au moment de l’accueil par exemple, un élève vient me trouver et demande à obtenir un privilège. Les billets sont vierges. On écrit à la main le privilège qu’il a choisi, le nombre de points dépensés pour l’obtenir. On pensera juste à marquer un petit signe dessus quand il est utilisé (un coup de tampon, une déchirure dans un coin, une marque au stylo, …).


Rien de nouveau pour cette ressource, je l’ai juste mise au goût du jour par rapport à mon thème. Mais on a déjà vu de tels outils chez Orphys ou chez Charivari. Le but est le même : susciter de la motivation. En fonction des tampons que vous possédez, vous pouvez mettre en avant des réussites différentes : réussite dans un exercice, écriture soignée, gros effort, mise au travail rapide, être arriver au bout de son travail dans le temps imparti, etc… En fonction des élèves, on peut facilement individualiser les comportements ou les réussites à souligner. A chaque fois que vous souligner une réussite, on met un tampon dans le cahier (si c’est en relation avec du travail écrit) et un sur le marque-page / collecteur.

Et une fois que le marque-page est rempli, il peut permettre d’obtenir un bonus. Je vous propose de le mettre sous forme de points supplémentaires à ajouter aux points collectés afin d’obtenir des privilèges.


J’ai voulu pousser le principe des super héros dans ce rituel, afin de présenter et de rendre hommages à des personnes qui ont fait preuve de courage et d’abnégation au cours de leur vie afin de défendre des causes, et mettre en avant des “héros en chair et en os », ceux qui ont marqué le cours de l’Histoire (française et mondiale) de manière visible ou invisible, avec une sélection résolument féministe. Cette sélection est entièrement subjective et personnelle, ce sont mes « influenceurs de daron », des personnalités qui ont su faire avancer la société, parfois en restant dans l’ombre toute leur vie, parfois en connaissant la gloire de leur vivant.

L’angle d’approche que j’ai pris a été de choisir des personnes qui se sont démarquées par :

  • leur engagement pour les droits civiques,
  • leur engagement pour la défense des opprimés,
  • leur rôle joué dans les progrès techniques ou scientifiques
  • leur courage.

Les personnalités que j’ai sélectionnées sont, dans l’ordre Albert Einchtein, Rosa Parks, Nelson Mandela, Malala, Jean Moulin, Louis Pasteur, Jane Goodall, Greta Thunberg, Frida Kahlo, Stephen Hawking, Simone Veil, Mahatma Gandhi, Martin Luther King, Marie Curie, l’abbé Pierre, Joséphine Baker, Anne Frank, Alan Turing, Katherine Johnson, Charles Darwin, Aung San Suu Kyi, Ada Lovelace, Charles de Gaulle, Louise Michel, les Suffragettes, Youri, Olympe de Gouges, André et Magda Trocmé, Angela Davis, Nancy Wake, George Sand, Amelia Earhart, Rosalind Franklin, Neil Armstrong, Lucie Aubrac et Nikola Tesla (alors, vous les connaissez tous ?)

Il est possible d’utiliser la planche de vignettes et le collecteur seuls comme récompenses en fin de semaine, mais j’ai aussi prévu de l’intégrer dans un projet plus large dans le cadre d’un rituel, notamment pour titiller leur curiosité et donner l’envie de découvrir qui sera le héros de la semaine. J’ai donc créé un Genially (que je vous présente plus loin) dans lequel vous allez trouver d’un coté les énigmes, et de l’autre la réponse : https://view.genial.ly/655b306c25f9300010625a0b/interactive-image-super-eleves

Pour chaque personnage, 3 indices sont distillés au cours de la semaine, et vont permettre d’essayer de deviner de qui il s’agit. Il y a une certaine progressivité dans les personnages, non pas par domaine, mais les personnages de début d’année sont davantage connus, et au fur et à mesure de l’année, on va rencontrer des personnalités dont ils n’auront jamais entendu parler (peut-être que vous non plus ^^ ). Un indice est à dévoiler le lundi, un le mardi et le 3e le jeudi. L’idée est que la recherche soit individuelle, que ça suscite pourquoi pas des discussions à la maison. Afin de voir l’évolution des trouvailles, j’ai préparé une affiche avec « Je cherche / J’ai trouvé » et les élève déplacent leurs étiquettes de l’une à l’autre quand ils pensent avoir la réponse. J’aime cette idée de leur donner envie d’être curieux.

Le vendredi, au moment du bilan de la semaine, on se rend dans la partie Réponses du Genially, on trouve la bonne semaine (afin de ne pas spoiler la réponse d’une semaine à venir) en regardant l’étiquette qui apparait quand on passe sur un repère et une fenêtre s’ouvre. Dedans, on découvre le nom de la personnalité de la semaine, l’illustration qui sert de vignette-récompense, la date de naissance et de mort, sa profession et aussi sa photo (ou une peinture le représentant). Sa nationalité est affichée (enfin seulement le drapeau, on demande s’ils le reconnaissent, la réponse apparait en passant la souris dessus). Ensuite, vous avez quelques points qui résument son parcours, son action.

En cliquant sur l’illustration à gauche, vous allez être dirigés vers une courte ressource qui va le ou la présenter. Cela peut être un Podcast Les Odyssées (France Inter), une vidéo d’un album Que d’Histoire (formidable collection, j’adore), une vidéo 1 jour, 1 question ou plus exceptionnellement des vidéos ou un podcast différents. Les durées des ressources peuvent varier de 5 à 15 minutes selon les semaines, il faut l’avoir en tête. Et parfois, des ressources complémentaires sont proposées.

J’ai veillé à ce qu’il y ait toujours une ressource gratuite et disponible. Cependant, je vous conseille tout de même de vous procurer les ressources suivantes, car elles apporteront bien plus à la classe que celles en ligne que j’ai trouvées, plus adaptées à des enfants en terme de compréhension et de support :

A savoir que les livres de chez Bayard (Le fabuleux destin de…) coûtent 6,90€ , ceux de la collection Quelle histoire 5€, et qu’il existe une application pour un prix très honnête (24€ par an) pour avoir accès à la version lue de l’ensemble de leur collection.

Parmi les vignettes, vous noterez que celle de l’Abbé Pierre n’a pas l’unité graphique du reste des images. Le générateur d’illustrations ne m’en a jamais sorti une fidèle malgré la multitude de prompts différents que j’ai essayé, de même pour Lucile Aubrac (mais elle vient en fin d’année, ça se verra moins longtemps).

Afin de garder une affiche mémoire de ces personnages, j’ai aussi fait des illustrations qu’on pourra mettre dans un coin dédié, notamment pour ceux qui n’ont pas obtenu les vignettes certaines semaines, voire leur donner envie d’échanger des points pour l’obtenir. J’ai voulu ces illustrations-mémoires comme la visite de ces personnes dans une classe, au milieu d’un groupe d’enfants installés à des bureaux. Celle de l’Abbé Pierre est manquante, j’en suis désolé, je n’ai rien trouvé qui pourrait convenir, et je n’ai pas du tout réussi à en générer une…


On rêve tous d’avoir une classe remplie d’enfants serviables, attentifs aux besoins des autres, qui n’hésiteraient pas à interrompre un jeu au cours de la récré pour aider un CP à faire ses lacets. Ils existent, sans conteste, mais ils ne sont pas majoritaires. Pour encourager cet état d’esprit, il va encore une fois récompenser et renforcer les comportements voulus. Pour ça, j’ai préparé une affiche pour mettre à l‘honneur les enfants qui auront réalisé une action généreuse, altruiste au cours de la semaine. On explique bien ce qu’on attend d’eux (une action, un service rendu à quelqu’un d’autre durant la semaine, sans qu’on leur ait demandé quoi que ce soit). Lorsqu’ils ont accompli une telle action, ils nous le disent et si on considère que c’est une action altruiste, l’étiquette de l’enfant change d’affiche, et on souligne largement ce comportement devant le groupe.

Et je pense qu’il est important de valoriser ces actions si on veut qu’elles se pérennisent et deviennent habituelles (et ne dépendent plus de la récompense). Pour ça, j’ai pensé à 2 possibilités : soit donné un bonus de point sur le compteur (et dans ce cas, ce n’’est plus une action altruiste si elle est motivée par l’obtention du gain), où par un autocollant Étoile collé sur la case de la semaine sur le collecteur (la solution qui a ma préférence).

Pour retrouver tous les documents que je vous ai présentés, c’est par là (si jamais il en manque un, ça pourrait arriver ^^, dites-le moi) :

Avant de conclure avec ce dernier paragraphe, je prends le temps d’adresser un immense MERCI à Myriam, avec qui j’ai pu échanger au cours de ces moments de réflexion, et qui m’a aidé à les pousser afin que ces ressources prennent forme et s’articulent.


Et les élèves les plus compliqués dans tout ça ? Ceux pour qui malgré ces renforçateurs, rien ne prend ? Tout d’abord, si vous êtes dans ce cas-là, sachez que vous avez toute ma solidarité. Je sais à quel point il est usant, difficile, démoralisant, démotivant de se retrouver dans cette situation, et je n’ai pas la prétention de penser que je m’en sortirais mieux que vous. Je me permets juste de vous partager des ressources en plus.

  • Dans le cas de situations compliquées, vous pouvez solliciter le Pôle Ressource de Circonscription. Il regroupe, sous l’autorité du CPC, l’EPRC (enseignant pôle ressource de circo), les CPC, les membres du RASED, ainsi que d’autres professionnels qui peuvent y être associés. Leur rôle est de proposer des solutions et des adaptations à mettre en place pour les situations d’élèves dont le comportement n’est pas adapté au groupe classe.
  • Il est également possible de se rapprocher de l’EMAS de votre circo (Equipe Mobile d’Appui à la Scolarisation), qui est un dispositif composé d’un(e) éduc spé qui peut intervenir auprès des enseignants en apportant appui et conseil en cas de difficulté avec un élève en situation de handicap, et/ou en amont d’une notification MDPH, conseiller sur les dispositifs existants et sur l’accès au droit pour les familles de ces enfants entre autre.

  • On peut tenter de différencier une suite de comportements-problèmes d’un trouble du comportement. Certes, on n’est ni psy, ni neuropsy, mais pourtant vous pouvez avoir de bonnes intuitions pour savoir si les comportements perturbateurs sont des comportements débordants et non maitrisables, un ensemble de « trop » tout le temps, ou bien s’il y a une dose de malice (j’utilise ce terme sans aucune connotation de jugement). Une suite de comportements dérangeants est parfois une manière d’éviter un travail, une situation, un moment (c’est l’un des objectifs possibles d’un comportement).

Voici un MOOC que j’ai suivi et qui a été l’un des déclencheurs de la réflexion de cet article : La psychologie pour les enseignants. Il est entièrement gratuit, à retrouver en suivant ce lien : https://www.fun-mooc.fr/fr/cours/la-psychologie-pour-les-enseignants/

Ce Mooc vise à compléter la formation en psychologie des enseignants. Il porte sur 3 sujets bien précis, qui sont à la fois très bien compris grâce à des décennies de recherches en psychologie, et qui sont absolument cruciaux pour les enseignants :
– la mémoire
– le comportement
– la motivation.

Ces 3 sujets ont été choisis pour leur importance intrinsèque, et pour leur intérêt transversal : ils sont importants dans toutes les matières, et à tous les niveaux de la scolarité, de la maternelle à l’enseignement supérieur. Ils concernent 100% des enseignants.

  • La conférence de Steve Bissonnette, professeur titulaire du Département d’éducation à TELUQ, ititulée  » L’enseignement explicite pour gérer les comportements des élèves en classe et dans l’école : pour un milieu de vie sécuritaire favorisant l’enseignement-apprentissage « , donnée à l’UMons, dans laquelle il présente des stratégies concrètes pour gérer efficacement les comportements des élèves en classe et dans l’école, stratégies qui sont de deux types (préventives et correctives). Le charisme du conférencier est exceptionnel, il est drôle, concret, donne des exemples et ne reste pas sur de la théorie uniquement. Je l’ai regardé en mettant la vidéo en vitesse x1,5 ça passe très bien.


  • Une courte fiche avec quelques notes de lecture. C’est très succinct, mais je vous la partage :

  • Si vous avez adopté le système de gratifications que je vous ai présenté, il ne faut pas hésiter à challenger les élèves au comportement fragile en leur proposant des points (puisqu’ils sont infinis à donner). « Tu parviens à ne pas perturber la classe au cours des 15 premières minutes, tu gagnes 3 points « , « Tu te mets 2 fois au travail sans que j’ai à passer te booster dans la journée, tu gagnes 2 points », etc. C’est adaptable à volonté, en fonction des points à renforcer, et le nombre de points à attribuer va permettre de proposer des accès à des privilèges plus ou moins rapides.

  • Concernant l’acronyme SUPER, pour des élèves qui n’arrivent jamais à garder leurs 5 lettres vertes en fin de journée, on peut proposer des contrats de comportement individualisés. On identifie les moments-cibles, qui correspondent aux moments où ils commettent les actions concernant LA lettre qui pose soucis dans le SUPER. Et on les challenge non plus sur l’ensemble de a journée, mais on va travailler sur ces passages critiques en adaptant les conditions d’attribution de la couleur verte en fin de journée : « Tu obtiens la lettre verte sur le bilan hebdomadaire si tu as moins X lettres P en vert à la fin de la semaine » ou « Tu gagnes la couleur verte pour le « P » (pacifique) si tu passes les X premières minutes de la récré sans disputes-coups », …

  • Profiter des moments de retrait (mise à l’écart de l’élève) pour leur demander de lister 5 comportements adéquats qu’il voit. Il arrive souvent que des comportements inadaptés aient lieu car c’est la seule réponse que des enfants connaissent. On profite alors du fait qu’ils passent 5 minutes à côté de nous, ou en dehors de la classe, pour leur demander d’observer leurs camarades et de liter 3, 4, 5 comportements adaptés à la situation. « Trouve-moi 5 exemples d’enfants qui jouent dans la cour », « Décris-moi 3 enfants qui sont au travail dans la classe, que font-ils ? ». Aussi, quand il y a eu un conflit dans la cour et que je suis intervenu, je demande toujours aux enfants, avant qu’ils ne repartent, ce qu’ils vont faire comme activité en repartant. Tant que je n’ai pas eu de réponse, je leur demande de réfléchir à une proposition. Un loulou qui a chahuté, s’il n’a pas un objectif en partant, a de forte chance de ça recommence aussitôt.

  • Paru chez Retz, l’ouvrage « Troubles du comportement en milieu scolaire » va informer sur les différentes manifestations des troubles, les aides institutionnelles sur lesquelles s’appuyer ou encore les gestes professionnels à adopter en cas de crise. C’est à lire et à avoir en tête :


Comments (4)

  • Nannemiel3 février 2024 at 19 07 44 02442 Répondre

    Hello,
    En voilà un article très intéressant, très documenté.

    Ton système me parait nécessiter trop de temps pour ma pratique : je sais que je n’arrive pas à faire un bilan de la journée chaque jour.
    Je fonctionne pour l’instant et depuis une dizaine d’année en ceintures de compétences (celles de Charivari) et du coup j’ai créé des ceintures de comportement que je valide à l’aide d’un permis de conduite à points, assorti à des droits gagnés à chaque ceinture. Je ne t’emprunterai donc pas ton travail à ce sujet.

    Cependant, je trouve extra le travail que tu as réalisé sur les émotions. Pour l’instant mes élèves peuvent afficher une des 6 émotions de base à l’aide d’un smiley, affiche mise à côté de la porte de la classe pour qu’on la voit bien comme tu le proposes. Je vais imprimer tes affiches et des textes pour qu’ils soient plus précis dans l’analyse de leur émotion et adapter mes smileys.
    Je me permets de te signaler deux coquilles orthographiques : tort (au lieu de tord) et coeurr (ah, le doigt qui reste trop longtemps sur la touche du clavier !). Enfin dernier détail, j’ai cru comprendre que tu avais choisi un code couleur par émotion mais le titre « la honte » est en vert comme la peur alors que les textes sont en gris. Est-ce volontaire ?

    Ton blog était tombé aux oubliettes disais-tu en septembre. Des oubliettes comme ça, je veux bien en voir toutes les semaines ! C’est le genre d’article qui a construit l’enseignante que je suis actuellement ! Un immense merci à toi pour tes partages, ta générosité, toujours alliés à ton côté artiste.
    PS : ça y est, j’ai enfin mis en place tes brevets de techniques artistiques (il serait temps hein !) et ils marchent super bien !!!

    • ziletcompagnie7 février 2024 at 16 04 13 02132 Répondre

      Bonjour Nannemiel,
      C’est toujours un plaisir de découvrir tes commentaires ! Je suis de ton avis : en mettant en place tous ces outils, oui c’est lourd. Mais l’idée est qu chacun parvienne à piocher ce qui lui convient.
      Les 6 émotions de base sot justement une base, avec des plus grand, on peut apporter de la subtilité et voir les nuances qui existent à l’intérieur de ces émotions, avec une gradation dans le ressenti de cette émotion. Quant aux couleurs choisies pour les affichages émotions, je t’avoue que je n’ai pas forcément poussé suffisamment la réflexion en amont, et une fois que c’était fait, je ne souhaitais pas tout recommencer… Mais tu as raison, ça aurait été plus lisible autrement.
      Et merci d’avoir relevé les coquilles, je vais aller corriger ça !

      PS : top pour les brevets d’arts visuels, je suis ravi que ça ait pris !

  • Orphée7 février 2024 at 14 02 48 02482 Répondre

    Mais quel article !!
    C’est : génial, motivant, intelligent, documenté, exhaustif, adapté… Bref, t’as pensé à tout.
    Merci d’avoir pris le temps de cette réflexion et de nous l’avoir partagée (et les documents proposés sont parfaits à la fois sur le fond et la forme.)

    • ziletcompagnie7 février 2024 at 16 04 15 02152 Répondre

      Merci Madame Orphée !
      Un énorme MERCI à toi pour tous les échanges qu’on a eu autour 🙂

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