L’avantage du ZIL, c’est de pouvoir voir des écoles, rencontrer des collègues, leurs pratiques et aussi découvrir des personnes. Et parmi les dizaines d’écoles par lesquelles je suis passé, il y en a certaines qui marquent plus que d’autres. L’une d’entre elle me laisse un souvenir particulier. Je me rappelle d’une ambiance hors-norme entre de vraies amies et d’un super boulot abattu par l’équipe, dans un secteur pas toujours évident. C’est là-bas que j’ai rencontré Audrey et ses collègues, les fameuses Cachines !
Audrey, c’est une artiste. Et elle mène des super projets en classe ! Quand je lui ai demandé si ça l’intéresserait de venir les présenter sur le blog, je ne savais pas du tout quelle serait sa réponse. Mais ce soir, j’ai le plaisir de créer la rubrique :
Ici, ce sera son p’tit coin ! Elle viendra partager avec nous ses réalisations, ses projets, ses démarches. Elle nous expliquera comment elle s’y est prise pas à pas pour les mener.
Audrey, un grand merci à toi d’avoir accepté ! Tu ne sais pas à quel point ça me fait plaisir ! Au plaisir de te publier très vite donc !
PS : Val et Peggy, je vous fais un gros bisou aussi !
4 pensées sur « Chez M’dame Audrey ! ! »
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Cette fois-ci, je vous propose d’aborder la perspective, c’est à dire la perception ou la représentation d’une impression de profondeur.
Qu’y a-t-il à savoir, à connaître sur la perspective ? Les artistes ont commencé à la maîtriser à partir de 1450, au cours de la Renaissance. Celui que l’on considère comme son inventeur est un peintre-géomètre-mathématicien italien, Piero Della Francesca.
Avant lui, les artistes donnaient une impression de perspective sans pour autant que le rendu soit satisfaisant.
Fresque de la vie de Saint François d’Assise, 1296 | Essai de perspective –
La présentation au temple, Gentile da Fabriano – 1423 |
La Cène, Léonard de Vinci – 1494 -1498 |
La perspective géométrique est déterminée par 3 éléments :
– une ligne d’horizon : c’est à ce niveau que se portent les yeux du peintre (ou du photographe)
– des lignes de fuite : elles représentent la continuité des droites qui sont parallèles dans la réalité mais qui, sur une image, se rejoignent au point de fuite
– le point de fuite : c’est un point sur la ligne d’horizon où toutes les droites parallèles se rejoignent.
Il existe d’autres moyens de représenter la profondeur de la scène. Dans cette séance, je citerai :
– la composition en deux plans distincts et indépendants, séparés par un mur
– la perspective atmosphérique : plus c’est loin, plus c’est bleu :
– Plus c’est loin, plus c’est petit :
Comme situation de départ, on propose à chacun de réaliser un croquis avec des éléments donnés, plus ou moins éloignés. On compare les productions, en essayant de déterminer pour lesquelles l’impression d’éloignement est la plus significative, et pour quelles raisons.
On observera ensuite des tableaux montrant différentes techniques pour représenter l’éloignement des différents plans, en les analysant. On cherchera le point de fuite sur certaines images, et pour finir, les élèves devront redessiner la Chambre à Arles, de Van Gogh, en créant des lignes de fuite.
La trace écrite en format modifiable (Publisher)
La trace écrite à compléter :
Cliquez sur le tableau pour l’agrandir avant de la projeter ou de l’enregistrer.
Portrait d’un vieillard et d’un jeune enfant, Ghirlandaio – 1490
Voyageur contemplant une mer de nuages , Caspar David Friedrich (1817-1818)
Les chasseurs dans la neige, Peter Bruegel l’ancien – 1566
Allée de Middleharnis, Meindert Hobbema – 1689
Grand canal de Venise, Canalleto – 1738
La chambre à Arles, Vincent Van Gogh – 1888
Galerie de colonnes du Palazzo Spada, Fransceco Boromini, 1652-1653
Lors de la séance suivante, afin de réactiver les connaissances (ou lors d’une évaluation), on demandera aux élèves réinvestir les découvertes faites lors de la séance précédente (perspective atmosphérique, ligne de fuite, point de fuite, horizon). Patrick Straub nous propose David sacré roi par Samuel, de Claude le Lorrain.
Puis un travail en atelier est proposé pour réaliser des oeuvres en perspective (paysage, plongée, contre-plongée)
Quelques réalisations d’élèves de CM1 et CM2 :
9 pensées sur « La perspective ! »
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J’aime beaucoup les photographies. Par contre, il faudrait pouvoir régler l’appareil photo afin qu’il ne fasse pas de mise au point automatique… Parce qu’en prenant une photo, on risque d’avoir un plan plus flou que l’autre. Je vais essayer de voir ça, ça m’intéresse beaucoup !
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Pour la photo, côté technique, ça dépend si tu as un reflex, un brige ou un compact. Mais l’idée, c’est une mise au point au premier plan et avoir un diaphragme fermé pour conserver une grande profondeur de champ. Après l’effet peut être amplifié en utilisant un objectif grand angle.
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J’en ai deux : reflex et compact. Super explication !! Y a plus qu’à essayer !!
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Si c’est pas assez clair, n’hésite pas à le dire 😀
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Vient un moment où c’est tellement bien que je ne sais plus quoi dire si ce n’est MERCI 😉
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Mais je suis vraiment RAVI de voir que je suis lu et que ça te plait !
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C’est juste …..super !! Mes élèves vont adorer : )) Merci !
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merci ! tout ce dont j’avais besoin pour continuer ma séquence sur la perspective !
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Et voici le dernier article consacré aux composantes plastiques permettant l’analyse de tableaux, mais aussi de photos avec les élèves.
Cette fois-ci, il s’agit d’un travail sur…
Cette fois encore, on commence avec ce qu’il y a à connaître sur la composition du tableau.
Tout d’abord, les fameuses lignes de force : il s’agit de lignes qui dirigent l’organisation spatiale du tableau, et construisent l’équilibre de l’image. Il peut s’agir de lignes tracées réellement (comme la ligne d’horizon, le bord de mer, …), ou qui apparaissent par la lecture de l’image dans laquelle on va visuellement détacher des masses, des formes, des zones de couleurs, de lumière et d’ombre, la limite du vide et du plein…
Ces lignes peuvent être horizontales, verticales, obliques, en zigzag, sinueuses ou ondulées. Et chaque type de ligne a une signification conventionnelle :
– les lignes ondulées : le mouvement, la vie
– les horizontales : équilibre et sécurité
– les verticales : la légèreté, un mouvement vers le haut
Le sacre de Napoléon, Jaques-Louis David
– les obliques : le déséquilibre, la rupture
Les peintres ont aussi organisé la composition de leurs tableaux en fonction de formes géométriques, de manière à grouper des éléments en forme de triangle, de rectangle, de carré, de cercle ou de spirales dans leurs images. Là encore, chaque utilisation est faite en fonction de la signification de la forme :
– le cercle : forme parfaite, divinité
– le carré : stabilité
-le rectangle : l’équilibre, l’immobilité
– le triangle : la majesté, l’élévation, l’harmonie, l’équilibre
– les spirales : le mouvement, la vie
Enfin, une image possède également une architecture propre, définie entre autres par la règle des tiers : divisez mentalement votre images en 3 tiers égaux verticalement et horizontalement. Vous avez donc deux lignes qui apparaissent dans chacun des sens, ainsi que 4 points qui représentent les points d’intersection de ces lignes. Ces points s’appellent les points chauds de l’image, et les éléments qui seront placés à ces endroits auront un impact plus important, tout comme les éléments situés sur l’une des lignes de tiers.
La laitière, Johannes Vermeer
Le sujet, ainsi que le pot de lait sont placés l’un au tiers de l’image (les traits bleus), et l’autre sur un point chaud. |
L’angélus, Jean-François Millet
Les personnages ainsi que l’horizon sont situés au tiers. |
Il est convenu également que la partie supérieure de la toile renvoie à des valeurs très positives (la spiritualité, le ciel, à la pensée, …). La partie basse renvoie elle à la terre, la matérialité et la mort.
Sur le site de Patrick Straub, vous trouverez des grilles permettant d’analyser d’une oeuvre :
La situation de découverte se fait autours du tableau La famille Belleli, de Degas. On amène les élèves à voir la composition et surtout à comprendre qu’elle est au service de la narration du tableau. On amène ensuite un apport théorique sur les lignes de force et la géométrie du tableau ainsi que le rôle des regards des personnages et on s’appuie sur des tableaux pour les illustrer.
« L’ambiance est lourde dans ce tableau car rien ne va plus dans cette famille d’apparence unie. Et la petite Giulia, qui est asisse, n’a qu’une idée : s’enfuir ! Derrière elle se tient sa mère (qui est la tante du peintre). Giovana, la soeur, est debout et à droite est assis leur père, Genarro Belleli La mère et les deux filles sont vêtues de noir car le grand-père vient de mourir. C’est son portrait qui est accroché au mur.
Si la mère est triste, c’est parce qu’elle ne s’entend plus avec son mari qui s’est enfoncé dans des histoires politiques. Et toute la construction du tableau nous dit que ça va mal.
La mère et les deux filles forment un énorme triangle noir. Bien éclairées, elles se tiennent quasiment face à nous. La mère a le regard perdu dans le vague et tient près d’elle sa fille Giovana, qui nous fixe intensément. Mains croisées, elle est sage comme une image. Sa soeur Giulia regarde la fenêtre (on voit le reflet dans le miroir), vers la lumière qui dessine des ombres au sol.Les poings sur les hanches, sa jambe gauche repliée sous elle, on sent qu’elle est prête à se lever, à s’enfuir en courant. Tout comme le chien, en bas à droite du tableau, qui est presque déjà sorti du tableau. Le père, lui, est séparé du groupe féminin par le pied de la table et le montant du miroir posé sur la cheminée. Il est de dos, enfoncé dans son fauteuil, totalement coincé. Il entend le tic-tac de la pendule posée sur la cheminée et rêve peut-être de Naples, sa ville natale, où il a été obligé de s’enfuir.
Tout le monde semble attendre quelque chose.
La mère voudrait quitter son mai, le mari voudrait retourner à Naples, Giulia rêve d’aller jouer dehors. Et Giovana, prisonnière de sa mère, regarde son cousin le peintre en train de faire son portrait.
De toute façon, il est impossible de s’enfuir. La fenêtre à droite est probablement fermée, la sortie à gauche est bloquée par un fauteuil, et au-dessus du père, un miroir renvoie à l’infini l’image de deux autres miroirs. Alors que faire, sinon attendre ? »
Extrait de Petites histoires de chefs d’oeuvre, Alain Korkos, Editions de la Matinière Jeunesse
Le diaporama utilisé lors de la séance :
Police utilisée : Amandine (à télécharger ICI)
La trace écrite
ou la version modifiable ICI
Cliquez sur le tableau pour l’agrandir avant de la projeter ou de l’enregistrer.
La famille Belleli, Edgar Degas (1858-1860)
La lettre d’amour – Johannes Vermeer (1669-1670)
La Vierge à l’enfant avec Sainte Anne, Léonard de Vinci (1503-1519)
La danse, Henri Matisse (1910)
La leçon d’anatomie du professeur Tulp, Rembrandt (1632)
7 pensées sur « Les lignes de force ! »
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C’est toujours aussi passionnant, merciiiiii !
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Merci Lala !
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Ouah !!! Il n’y a pas que les élèves qui apprennent des choses là !
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Comme quoi, on nous demande d’être de vrais couteaux suisses, multifonctions, et pointus sur de nombreux domaines. Ces notions sont au programmes, mais la formation des enseignants est tellement passée aux oubliettes qu’on ne suit plus !
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Mise à jour : 14/01/15 ajout du tableau « Les raboteurs de parquet » dans la rubrique Pratiques éclairantes
Deuxième article sur les composantes plastiques permettant d’aider les élèves lors d’analyses de tableaux en histoire des arts et en arts visuels. Non non, ne vous laissez pas effrayer, éduquer les élèves au regard est invisible mais pourtant essentiel ! On attend d’eux, depuis 2008, à ce qu’ils soient capables de se livrer à des analyses des différents paramètres de l’image, alors qu’aucun apprentissage particulier n’est proposé. Après l’article sur les couleurs (ICI), voici donc un article sur…
Tout d’abord, qu’y a-t-il à savoir, à découvrir sur la lumière ? On va chercher sa provenance, identifier la ou les sources lumineuses (naturelles ou artificielles), dans le champ ou hors champ ? Comment apparait-elle sur le tableau ? Y a-t-il des reflets dans lesquels elle se reflète, voit-on des ombres, un élément est-il mis en valeur par un effet de projecteur ? Comment peut-on la qualifier ? Enfin, pour quel effet la lumière est-elle représentée ainsi ?
Comme pour chacun de mes articles, je ne prétends pas détenir ou proposer LA méthode, LA connaissance ou même quelque chose d’irréprochable ou d’exhaustif. J’ai cherché, pataugé et mis à ma sauce. Ces propositions sont donc imparfaites, incomplètes aux yeux de l’expert, je le sais et c’est un choix !
Revenons à notre séance. Afin de faire émerger ces notions, nous allons proposer aux élèves de comparer deux images : La jeune fille à la perle, de Johannes Vermeer et Saint Joseph charpentier, de Georges de la Tour.
Pourquoi comparer ces deux oeuvres ? Parce que leur lumière s’oppose. Sur les premier, il s’agit d’une lumière très douce (la limite entre les zones de lumière et d’ombre n’est pas nette), naturelle et dont la source est extérieure à la scène (on devine une fenêtre sur la gauche du tableau) tandis que sur le second, la lumière est dure, artificielle et la source est dans le tableau.
Si des lignes blanches apparaissent lorsque vous ouvrez le document, cliquez ensuite en haut à droite de la fenêtre sur Télécharger, puis Ouvrir avec.
Les images en meilleure définition (cliquez pour les ouvrir en grand ou avant de les enregistrer)
Voici un autre tableau dont la lumière est intéressante, notamment sur le rendu des ombres. On peut revenir dessus lors d’une séance ultérieure si la notion a posé des difficultés.
La pie, Claude Monet, 1868-1869
D’autres tableaux des impressionnistes ou des photos de paysages ou portraits au crépuscule peuvent être également intéressants.
ou format modifiable (sous Publisher)
D’après une idée trouvée dans Histoire d’arts en pratique, de Patrick Straub, paru chez Accès.
Si des lignes blanches apparaissent lorsque vous ouvrez le document, cliquez ensuite en haut à droite de la fenêtre sur Télécharger, puis Ouvrir avec.
Des exemples de réalisations, tirées de l’ouvrage :
8 pensées sur « La lumière ! »
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J’adore car j’apprends des trucs à chaque nouvelle parution. merciiiiiiiiii !
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Encore merci de ton gentil mot Lala ! Alors, tu ne veux vraiment pas que j’ajoute ton portrait parmi les tableaux ?
J’ai deux autres articles sous le coude qui sont prêts, je dois juste trouver le temps de les taper. -
Très bonnes idées dans cet article ! J’ai eu l’occasion dernièrement, lors de séances photos, de faire découvrir le rôle de la lumière à mes élèves. Alors ce travail avec des œuvres m’intéresse beaucoup. Pour les cartes mentales, j’utilise ce site : https://framindmap.org/mindmaps/index.html Facile à utiliser, il me va bien, ainsi qu’à mes élèves qui l’ont pris en main avec beaucoup de facilité.
Au plaisir de vous lire souvent en 2015 !
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Je ne vais pas t’aider avec le logiciel carte mentale car je fais tout sur PUBLISHER (je préfère un rendu « tracé à la main »).
Pour la photo, je ne voudrais pas rivaliser avec la jolie dame à l’hermine -
Merci Isac ! Je suis photographe également et j’avais songé à aborder cette notion sous cet angle, mais j’ai finalement penché pour une approche à travers la peinture. Mais j’aime beaucoup l’idée ! Je garde également sous le coude ton site, j’ai été y faire un tour, il est très pratique !
Lala, j’ai finalement fait le même choix que toi (après avoir été farfouillé chez toi d’ailleurs, merci !), j’ai démarré avec Publisher. C’est plus long mais j’ai préféré la liberté graphique qu’il permet -
Voilà, la trace écrite est ajoutée !
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Superbe une fois de plus 😉
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Alors, là !!! MOI AUSSI j’ai hate !
M’dame Audrey, y a plus qu’à ! Commence donc par créer un profil Ekla, ça va te servir
Bienvenue sur Eklablog Audrey ! Comme tu vois, tu es déjà attendue 😀