Fourmi, de Cyril Houplain

Il y a des coups de coeur auxquels on ne s’attend pas, et l’album Fourmi, de Cyril Houplain  a été une belle rencontre.

J’imagine que, comme moi, vous êtes complètement passés à côté de ce très bel ouvrage. Je ne vais pas m’étendre sur la côté littéraire de l’oeuvre, parce que c’est vraiment son intérêt visuel qui m’a plus. Fourmi, c’est l’histoire d’Alistair Burke (surnommé Fourmi en raison de son aptitude à se glisser partout), gamin des faubourgs londoniens de l’époque Victorienne. Son existence aurait été triste et morne s’il ne possédait pas le don de pouvoir apprivoiser les créatures qui croisent son chemin ! Son destin va l’amener à traverser l’Atlantique et à se rendre au far west, où il va monter un spectacle avec une colonie de fourmis qui lui permettront par la suite de voyager à travers le monde. Voilà pour l’histoire !

Mais du coup, c’est la partie graphique qui m’intéresse. Si vous avez agrandi le portrait, vous l’avez remarqué : l’ensemble des illustrations est réalisée par l’assemblage de minuscules fourmis !

Et c’est ÇA qui m’intéresse, qui m’a séduit quand j’ai découvert l’ouvrage. Des images entièrement en noir et blanc (enfin presque, à une fourmi près ^^ ). Les nuances de gris sont déterminées par la densité d’insectes présents. Et là, on projette facilement l’exploitation qu’on va pouvoir en faire : un travail sur les traits, sélectionner les lignes principales, éliminer les détails, un travail sur les tonalités, et un paquet de fourmis à dessiner !

 

On peut commencer par le commencement : Cyril Houplain, avant d’être auteur de littérature de jeunesse, est illustrateur, scénographe, directeur artistique, peintre, … Bref, c’est un touche à tout de génie. Vous connaissez son travail, forcément ! Regardez, un aperçu . Il a créé le personnage du Soldat Rose, et est à l’origine de son univers graphique et visuel, de la comédie musicale, des décors, des costumes, … C’est aussi lui qui est à l’origine de l’univers visuel de  -M-, de la réalisation de la scénographie, des lumières et des décors de sa tournée  « Qui de nous deux ».

Il est aussi à l’origine, et là,en bon provincial, j’avoue  être passé à coté, de l’opération « Drapeau la crotte » dans les rues de Paris.

La première séance est consacrée à la découverte de l’album. Quel que soit le niveau de la classe, j’aime beaucoup les laisser parler, commenter les illustrations, s’extasier, relever des détails auxquels on n’a pas fait attention. L’album étant long (et les enfants bavards), on peut compter une bonne séance de 45 minutes pour sa lecture.

Lors de cette seconde séance, je propose à la classe de faire la démarche inverse de Houplain, afin que les enfants perçoivent mieux sa manière de créer des formes à l’aide de petites bêtes. Je propose la photocopie d’une page de l’album et je leur demande de faire apparaître les lignes du dessin en utilisant du papier calque. Je commence par montrer un exemple, en verbalisant les éléments importants :

– repasser sur le corps des fourmis ;

– distinguer les zones claires et les zones sombres ;

– repasser sur les fourmis qui sont en bordure de ces zones .

– colorier les zones les plus sombres au crayon à papier

Réalisation d’une enfant de CP :


Lors de cette séance, on va s’entrainer à dessiner des fourmis. On observe la morphologie des bestioles, le nombre de patte, la manière dont le corps est formé. Ce sont des insectes, elles ont donc 6 pattes, et le corps segmenté en 3 parties : tête, thorax, abdomen. On distingue aussi deux antennes. Les pattes ont plusieurs segments (on se contentera d’en dessiner 2) et sont reliées sous le thorax.

On peut aussi ajouter que les pattes de devant sont dirigées vers l’avant, celles de derrière vers l’arrière et celle du milieu sur le coté. Ça parait évident, mais pas pour tout le monde 😀

Je distribue ensuite un morceau de feuille (une A4 coupée en 8, ça doit faire du A7 ^^ ) et les enfants s’entrainent.

Agrandissez les images en cliquant dessus, puis faites clic droit -> Afficher l’image

On se retrouve 10 minutes plus tard, et puis on debriefe. Qui est satisfait ? Qui veut nous montrer sa plus belle fourmi ? Comment t’as fait ?

L’étape suivante est de regarder en gros plan comment les a dessinées Cyril Houplain. Voici un détail de la couverture de l’album. On le projette, et on verbalise. Qu’est-ce qu’il fait de différent de nous pour que ce soit réussi ?

Déjà, on va commencer par un crayon bien taillé, pour être le plus fin possible. Ensuite, pour faire des fourmis vraiment petites, on ne dessine pas les contours de la tête, du thorax et de l’abdomen afin de les colorier, on fait des points qu’on grossit à la taille souhaitée. Les pattes sont longues, parfois à peine figurées. On ne voit pas forcément les six non plus, surtout quand les bestioles sont serrées.

Ensuite, chacun repart et s’entraine de nouveau en tenant compte des nouveaux conseils.


Maintenant qu’on s’en sort pas trop mal à les dessiner, on va voir ce qu’on peut faire avec.

Je montre tour à tour ces 3 images (clic droit -> Afficher l’image). Il s’agit bien sûr d’un vue en plongée prise de la Tour Eiffel. Vues de haut, toutes ces personnes sont vraiment minuscules, comparables à des fourmis du coup 😀 On insiste un peu sur les différentes formes de files d’attente, on peut en imaginer d’autres.

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Puis je distribue une image prise du même point de vue, mais vidée de son public. La tâche va être de recréer une file d’attente, mais non pas de passants ou de visiteurs, mais de fourmis.

Les documents sont à retrouver en fin d’article

Si la vue depuis la Tour Eiffel ne vous parait pas assez exotique, on peut aussi partir sur l’exploitation des vues aériennes de Bernhard Lang :

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Voici un exemple de réalisation (classe de CE2, et photocopieuse dégueulasse… )


Au cours de la séance suivante, on va de nouveau se plonger dans l’univers de Cyril Houplain, mais on va se détacher de son album. Je commence par présenter d’autres réalisations :

On prend le temps de verbaliser ce qu’on voit, comment l’image est construite. On insiste de nouveau sur le fait que la densité du gris est donnée par le fait que les fourmis plus ou moins serrées. Puis je montre le dessin sur lequel nous allons travailler : une paire de lunettes. On observe, on distingue les rangées de fourmis côte à côte, bien ordonnées, toutes dans le même sens.  On précise tout de suite qu’on ne va pas s’embêter à réaliser l’ombre en dessous. Puis toujours à l’aide de papier calque, on va réaliser une paire de lunettes nous également, en partant d’une photo.

Un exemple chez des CE1, avec une seule rangée de fourmis :


et les suivantes.  A partir de là, les enfants sont suffisamment équipés pour être créatifs. Je vous donne quelques idées, à choisir en fonction de vos goûts et de votre classe.

Hokusaï  et sa Grande vague

Une tête de léopard :

Une silhouette de fourmi :

 

Les images inductrices (en positif et en négatif) :

L’image à recréer :

Dans ce cas, il est important de d’abord bien déterminer les lignes à faire apparaitre, quitte à les repasser au TBI : les contours des morceaux mangés, la queue, et les lignes qu’on distingue dans la chair. Ensuite, on distingue ensuite les parties claires et les partes sombres et on remplie ces dernières de fourmis.

le fait de travailler en bichromie, voire en ajoutant quelques nuances de gris, m’a fait penser au travail de Banksy (retrouver mon article sur cet artiste par ici – dans l’article vous pourrez même voir comment créer le portrait d’un enfant en bichromie à partir d’une photo). Vous connaissez son graff La Petite Fille au Ballon  ? On peut proposer de le réinterpréter :

Et j’allais oublié : profitez de vos vacances !

Comments (2)

  • Marie22 novembre 2019 at 14 02 52 115211 Répondre

    Ce projet autour du livre « fourmis » est magnifique ! Je ne sais jamais quoi faire en arts visuels, j’ai l’impression de toujours faire du bricolage, mais là c’est un super projet, merci pour ces bonnes idées !

    • ziletcompagnie22 novembre 2019 at 15 03 49 114911 Répondre

      J’ai adoré travailler dessus, j’espère que ça vous plaira autant !

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