L’art des enluminures à travers Les Très Riches Heures du Duc de Berry

Cette fois-ci, je risque d’être un peu plus sommaire que les autres fois, il s’agit de la remise en forme d’un travail disponible dans mon article sur le projet Calligraphie et écriture.

L'art des enluminures à travers Les Très Riches Heures du Duc de Berry

L'art des enluminures à travers Les Très Riches Heures du Duc de Berry

De ce livre, on ne connait en fait que quelques pages. Il s’agit en réalité d’un livre d’heures. Il s’agit d’une forme d’ouvrage répandu chez les plus riches au moyen-âge. Ils étaient entièrement calligraphiés et très richement illustrés, puis reliés.
On y trouvait un calendrier, des prières et des psaumes. La vie à cette époque était marquée par les évènements religieux, tant dans le rythme de l’année que de la journée. A chaque heure du jour correspondait une prière, différente pour chaque jour de l’année. Fallait bien un annuaire pour tout ça !

Les auteurs de ce livre sont les frères Limbourg, deux artisans flamands, qui l’ont réalisé sur commande du fameux Duc de Berry. La commande fut passée en 1410. Le duc ainsi que les deux frères Limbourg décédèrent tous les 3 en 1416 (quelle hécatombe !). D’autres copistes prirent le relai jusqu’à ce que le commande soit achevée, ce qui fut le cas en…………………………. 1489, soit au bout de presque 80 ans !!!
La couleur était obtenue grâce à des pigments végétaux ou minéraux, dont le minium qui permettait de préparer le rouge, ce qui donna le terme de miniature (qui n’avait donc aucun rapport avec la taille des illustrations).

L'art des enluminures à travers Les Très Riches Heures du Duc de Berry

Une enluminure, c’est une image dessinée et peinte à la main afin d’illustrer et de réhausser les manuscrits au moyen-âge. Les copistes réservaient des espaces sur les pages, dans lesquels les « illustrateurs » venait ensuite mettre des lettrines (des majuscules en début de paragraphes), des bordures (des décorations sur le côté du texte) ou encore des miniatures (des illustrations).

L'art des enluminures à travers Les Très Riches Heures du Duc de Berry

L'art des enluminures à travers Les Très Riches Heures du Duc de Berry

L'art des enluminures à travers Les Très Riches Heures du Duc de Berry

Une lettrine Une bordure Une miniature

Et dans cet art, chaque erreur a de grosses conséquences : imaginez que lors de la mise en couleur, un doigt se lève pour dire « M’sieuuuuur, j’ai débordé de mon coloriaaaaage ! ». Toute la page recto verso était à recommencer ! La calligraphie des copistes, les dessins puis la mise en couleur. Aucune idée de nombre de jours de travail que cela représente mais Gutenberg les aurait drôlement soulagés !

Parmi les lettrines, on peut encore faire des catégories : les lettrines historiées, les lettrines ornées, les lettrines dorées, les lettrines construites et les lettrines colorées. Vous pouvez aller jeter un oeil chez Dix mois pour les découvrir :

L'art des enluminures à travers Les Très Riches Heures du Duc de Berry

L'art des enluminures à travers Les Très Riches Heures du Duc de Berry

Pour découvrir l’art des enluminures, on va partir à la découverte des Très Riches Heures du duc de Berry, le livre d’heures des frères Limbourg. A travers un premier mois que l’on va découvrir par fragments, les élèves vont pouvoir contextualiser l’époque qui est représentée, et découvrir qu’il s’agit d’un calendrier grâce aux signes astrologiques, aux quantièmes, et au soleil.
On amènera ensuite la fonction de ce livre puis, en projetant certaines de ses illustrations, on demandera de deviner à quel mois de l’année chacune correspond. Pour ça, les élèves devront prendre des indices sur l’illustration afin de deviner tout au moins la saison (les vendanges en septembre, la neige de l’hiver, les moissons l’été, …). Puis on passera à la trace écrite.

L'art des enluminures à travers Les Très Riches Heures du Duc de Berry

Le diaporama pour découvrir Les Très Riches Heures du duc de Berry :

La fiche de trace écrite : on file chez Cenicienta :

L'art des enluminures à travers Les Très Riches Heures du Duc de Berry

L'art des enluminures à travers Les Très Riches Heures du Duc de Berry

A défaut de transformer votre classe en monastère, on va tout du moins proposer aux élèves de découvrir une partie du travail de copiste.

A partir d’un diaporama, la classe va observer des modèles d’enluminures, notamment de bordures (vous savez, les décos qu’ils mettaient dans la marge, là où maintenant on met des p’tits mots au stylo rouge) et prélever des fragments de ceux-ci qui leur plaisent. On va aussi découvrir les différents types de lettrines (les miniatures, les lettrines historiées, les lettrines ornées, les lettrines dorées, les lettrines construites et les lettrines colorées). Pour voir un exemple de chacune, vous pouvez vous rendre sur le site de Patrick Straub (en milieu de page).

Lors de la séance suivante, il faudra enluminer (pas sûr que ça existe, à vérifier) un texte tiré du Roman de Renard. On commence par passer la feuille support au brou de noix afin de donner un aspect parchemin. Puis il faudra insérer certaines des bordures prélevées, et aussi inventer et dessiner la première lettre du texte. Et pour finir, reste plus qu’à encrer tout ça. Au boulot !

L'art des enluminures à travers Les Très Riches Heures du Duc de Berry

Afin d’obtenir le deuxième document élève de la séance, il faudra m’envoyer un mail :

Qui suis-je ?

Des enluminures afin de découvrir des bordures et d’y prélever des motifs :

Et pour finir, mais là ça n’a rien d’obligatoire, je présente le livre de la formidable, grandiose, génialissime collection Pont des arts : L’assassin du calendrier, de Christine Beigel. Rien à voir avec le dernier opus d’Assassin’s Creed, hein !

Reprenant les différents décors du calendrier des Très Riches Heures du duc de Berry, l’histoire nous mène sur la piste d’un mystérieux meurtrier qui, chaque mois, frappe en laissant un indice derrière lui. Le chevalier Jehan se lance à sa poursuite pour enrayer sa folie meutrière. Bon, c’est pas Seven, mais ça m’a beaucoup plu ! On retrouve des thèmes fort au moyen-âge : la mort, le Bien, le Mal, le Malin. Et cette forme de polar tient le lecteur en haleine. Bref, encore un très beau livre !

L'art des enluminures à travers Les Très Riches Heures du Duc de Berry

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Le coup de coeur du mois de septembre

Les bons plans, c’est pas fait pour rester au fond du placard ou être gardés pour soi. C’est pour ça que chaque mois, les blogueurs vous proposent d’aller découvrir une petite pépite d’article à côté de laquelle vous êtes sans doute passés.

Ce mois-ci, je vous emmène faire un tour à l’opéra avec Rigoletto chez Rigolett’ et ses pious-pious !

Rigolett’, elle est directrice de petite école et accessoirement en charge d’une classe de CP cette année. Son chez-elle, c’est un comme un fauteuil au coin de la cheminée en hiver. C’est plein de belles idées pour apprendre en jouant, elle partage avec nous toutes ses astuces pour rendre sa classe agréable, aussi bien dans l’aménagement, que dans ses petites astuces ou ses activités (mise en place des ateliers DECLIC, des centres de mathématiques, …). Et elle partage gentiment tout ça avec nous ! Elle est pas belle la vie ?

Le coup de coeur d'avril

L’article que je voudrais mettre en avant aujourd’hui, c’est son jeu Un château contre les dragons. Le but du jeu : construire un château avant que les dragons ne l’attaquent ! Il s’agit de l’adaptation d’un jeu de société de coopération dans lequel elle a ajouté des cartes Résolution de problèmes, mais aussi de compréhension.
C’est beau, c’est bien pensé, c’est utile, et ça permet de revoir les problèmes additifs et soustractifs.

Inutile de s’étendre davantage, pour découvrir l’article, c’est par là :

Le coup de coeur d'avril

Pour découvrir les autres coups de cœur du mois, c’est par ici :

Le coup de coeur du mois de septembre

12 pensées sur « Le coup de coeur d’avril ! »


  1. VAL 10
     

    dit :

    Moi aussi je fais mon petit tour…… Joli coup de cœur !!!


  2. Gdine
     

    dit :

    Ahhhh, notre Rigolett’…. Très bon choix !!!


  3. paulettetrottinette
     

    dit :

    J’aime aussi beaucoup Rigolett mais je ne connaissais pas cet article j’y cours 🙂


  4. Craie hâtive
     

    dit :

    Merci pour la découverte ! J’aime beaucoup ce que fait Rigolett ♥


  5. Dys é moi Madel
     

    dit :

    Merci pour la découverte


  6. rigolett
     

    dit :

    Ooooh merci pour ce coup de coeur!  Les élèves adorent ce jeu.
    J’ai du mal à savoir ce qui me fait le plus plaisir… Ton coup de coeur, ton article si  gentil (sauf que j’ai des CP-CE1 ) ou les commentaires des  Copains!
    Merci !

    OlivierI

    Jeudi 14 Avril à 21:25

    Z’ont intérêt à être sympa s, les commentaires ! On connaît tous ton côté Dr Rigo et Miss Gueularde

  7. OlivierI

    dit :

    Z’ont intérêt à être sympa s, les commentaires ! On connaît tous ton côté Dr Rigo et Miss Gueularde


  8. ptitejulie
     

    dit :

    J’aime beaucoup ce coup de coeur aussi! (j’ai un peu zappé le mien…).

    OlivierI

    Jeudi 14 Avril à 21:23

    Ben oui, qu’est ce qui t’es arrivé ? Tu as zappé ?

  9. OlivierI

    dit :

    Ben oui, qu’est ce qui t’es arrivé ? Tu as zappé ?


  10. enclasse
     

    dit :

    Sympa ce jeu, Rigolett est toujours très inspirée !


  11. ptitejulie
     

    dit :

    Oui! Prise par le tourbillon de travaux et des valises pour les vacances, j’ai décroché 24h pour de bon, c’est ma newsletter qui m’a prévenu de mon oubli, j’avais programmé l’article mais pas encore rempli… Ce sera pour la prochaine fois, encore! 🙂

    OlivierI

    Vendredi 15 Avril à 17:48

    C’est la conclusion à laquelle j’avais abouti.  T’as bien profité de ton séjour au moins ?

  12. OlivierI

    dit :

    C’est la conclusion à laquelle j’avais abouti.  T’as bien profité de ton séjour au moins ?

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 L'impressionnisme

Pour bien comprendre ce mouvement éphémère, on va se replonger dans le contexte de l’époque :

 L'impressionnisme

Au XIXe siècle, en France, c’est surtout le poids de la tradition qui se fait sentir. Une institution fait autorité en matière d’arts : il s’agit de l’Académie des Beaux Arts, « Et c’est quoi l’art académique ? », me demanderez-vous. Pour le savoir, vous pouvez jeter un oeil ICI.

Trêve de plaisanteries, l’Académie, c’est un peu comme votre grand oncle Georges, celui porte son costume du dimanche, qui insiste pour que les enfants demandent avant de sortir de table ou refuse qu’on passe le voir sans prévenir « parce que ça ne se fait pas ». C’est un ensemble de règles ancestrales qu’il faut suivre coute que coute si l’on veut avoir la chance d’exister un jour dans le monde de l’art.

Ses préceptes sont d’imiter les Anciens, (et plus c’est vieux, mieux c’est), d’imiter la nature, de privilégier le travail en atelier, d' »affirmer la primauté du dessin sur la couleur », de réaliser des œuvres achevées. Des cours sont dispensés aux Beaux-Arts et le respect des règles est confirmé lors de concours et autres salons d’exposition. Ses règles se sont petit à petit figées et ont formé un carcan inamovible. L’Histoire, la religion et la mythologie étaient les thèmes à représenter en priorité.

L’Académie avait hiérarchisé les genres de peinture : il y avait des genres majeurs et d’autres inférieurs. Dans l’ordre, du plus glorieux au moins intéressant, citons : la peinture d’histoire (ainsi que religieuse, mythologique et allégorique), le portrait, la scène de genre, le paysage, la peinture animalière et enfin la nature morte. La réputation des peintres se faisait et se défaisait par les Salons qui avaient lieu régulièrement : des critiques d’art et de riches amateurs venaient y découvrir les dernières toiles sélectionnées par l’Académie. Le marché de l’art est florissant au XIXe siècle, notamment par la naissance d’une nouvelle bourgeoisie enrichie par la Révolution industrielle.

L'impressionnisme

Illustration : Thérèse Bonté

Voilà un échantillon de ce que ça donnait :

La naissance de Vénus

Alexandre Cabanel – 1863

L’entrée des Croisés dans Constantinople

Eugène Delacroix – 1840

Réception du Grand Condé à Versailles

Jean-Léon Gérôme – 1878

Techniquement c’est beau, mais ça ne fait pas rêver, vous ne trouvez pas ?

C’est à partir de ce constat qu’un schisme va s’opérer : d’un côté, certains artistes vont s’en satisfaire et honorer les commandes et les désirs de cette bourgeoisie, et de l’autre des artistes vont tenir à leur indépendance et refuser de se conformer à cette norme imposée. Les précurseurs sont tout d’abord des peintres paysagistes anglo-saxons dont Turner, et en France on se souvient de Courbet et Corot.

Prenons aussi en compte également le contexte politique de l’époque : le Second Empire (1852-1870) a une politique culturelle qui encourage cet art fade. D’ailleurs, les têtes de proue ont les honneurs de l’Etat et sont placées à la tête de ‘Académie des Beaux-Arts.

Une véritable rupture va s’opérer sur plusieurs plans, entre ces différents courants. D’un point de vue politique, la plupart des ces nouveaux peintres sont des Républicains, opposés à Napoléon III qui a pris le pouvoir par un coup d’Etat. Sur le plan sociologique, ils sont souvent issus de la classe populaire quand ceux de l’Académie font partie de l’aristocratie. Et sur le plan esthétique, cette nouvelle vague déteste les sujets représentés (les scènes historiques, mythologique, …) et préfèrent les beautés offertes par la nature, loin également des paysages transformés par la Révolution Industrielle en marche.

Cette nouvelle philosophie de peinture pourrait être résumée dans cette citation de Manet : « Je peins ce que je vois, et non ce qu’il plaît aux autres de voir ».

L'impressionnisme

Illustration : Thérèse Bonté

L'impressionnisme

 On est autour de l’année 1860 : des peintres d’un nouveau genre font tout de même trembler les vieux croutons encroutés. Puisqu’ils n’ont pas accès aux fameux Salons, ils s’exposent au Salon des Refusés (ce qui ont été refusés par l’Académie). Parmi eux on retrouve Monet, Renoir, Sisley, Degas, Cézanne, Caillebotte, etc… Rien que ça !

Deux inventions ont rendu possible la naissance de ce mouvement. Tout d’abord, l’invention de la photographie change totalement la manière de faire. Jusqu’alors, réaliser un portrait demandait des jours de travail. Le modèle devait rester parfaitement immobile des heures entières afin que le peintre rende son modèle le plus proche possible de la réalité, lui mais également chaque repli de ses vêtements, ou l’ombre portée de chaque élément présent. Là, c’est (presque) un instantané ! Cette possibilité de saisir l’instant va être la marque de fabrique des impressionnistes.

L’autre invention révolutionnaire sera ………………. la peinture en tube ! Auparavant, la peinture était créée avec des pigments mélangés à un liant, souvent de l’huile. Cette invention va permettre de sortir de l’atelier beaucoup plus simplement ! (c’est d’ailleurs une pratique que refuse l’Académie : on travaille en atelier et le travail doit être FI-NI : « et que je ne vois plus un seul coup de pinceau ! »)

Ce que l’on retient des impressionnistes, c’est en premier lieu leurs touches de peintures. Elles sont déposées par touches séparées et claires et leurs contrastes dégagent une luminosité intense. Elles sont juxtaposées, superposées et cela donne de l’éclat à la peinture. Ce sont d’ailleurs des couleurs pures qui sont utilisées, le mélange se fait de manière optique.

Au passage, pourquoi ai-je commencé l’article en parlant de mouvement éphémère ? Parce qu’il n’a pas duré plus de 26 ans (1860-1886) !

L'impressionnisme

 

 

 

 

 

 

 

L'impressionnisme

Au milieu du XIXe siècle, les artistes peignent donc en atelier, et plutôt des sujets historiques ou mythologiques. Dans leurs tableaux, il y a beaucoup de détails très précis, par exemple dans les plis des vêtements. Un groupe de jeunes peintres critique ce style de peinture traditionnel. Représenter des scènes du passé ne les intéresse pas. Ils veulent peindre ce qu’ils ont sous les yeux !

Ces nouveaux peintres décident de sortir de leur atelier pour peindre en plein air, à la recherche des effets de la lumière. Leur but : reproduire l’impression visuelle laissée par un paysage ou une scène de la vie quotidienne. C’est une vraie révolution ! La Normandie offre aux artistes une grande variété de paysages à peindre : champs, falaises, plateaux, vallées… Et ces paysages sont sans cesse changeants : la mer tour à tour calme ou déchaînée, les ciels purs ou chargés de nuages dont les couleurs se modifient sous l’effet des vents et de la marée… C’est pour capter ces impressions fugitives que ces peintres inventent la technique de l’impressionnisme.

Malheureusement, le style des impressionnistes n’est pas pris au sérieux. Les gens de l’époque considèrent leurs toiles comme des tableaux inachevés, des brouillons. Au Salon de Paris, le jury n’accepte que les œuvres de style traditionnel. Il pense que ces nouvelles toiles ne méritent pas d’être montrées au public. Bien décidés à prouver le contraire, les impressionnistes décident d’organiser eux-mêmes leur première exposition, en avril 1874. Mais c’est un échec. Leurs tableaux n’ont aucun succès et très peu sont vendus. Pourtant, le groupe persévère. Jusqu’en 1886, huit expositions verront le jour.

 Un grand marchand de tableaux, Paul Durand-Ruel, soutient les impressionnistes. Il se lance le défi de vendre leurs toiles. En 1886, lors de la première exposition qu’il organise aux États-Unis, le pari est gagné ! De riches collectionneurs apprécient ces œuvres d’un nouveau genre. Enfin, l’impressionnisme rencontre le succès tant attendu. Aujourd’hui, c’est le mouvement de peinture le plus connu au monde !

source : http://www.normandie-impressionniste.fr/

 L'impressionnisme

 

Illustration : Stéphane Girel, Où est passée la reinette ?, Pont des Arts

L'impressionnisme

 

Cette toile de Monet a été peinte en 1872, et représente une vue du port du Havre. Ce n’est que 2 ans plus tard qu’elle est présentée au public et, au moment de la nommer pour le catalogue de l’exposition, Monet répondit : « Mettez Impression ». Son frère passa derrière et la fit nommer « Impression, soleil levant ».

Ce nom définit bien cette nouvelle façon de peindre, dans le sens où les peintres ne restituent non pas le paysage tel qu’il est vu dans ses

L'impressionnisme

moindres détails, mais la sensation qu’il a produit sur eux. Cela ne passe plus par de longues études et dessins préparatoires, elle se base uniquement sur la couleur. La peinture doit être rapide car la lumière est fugace, surtout à ce moment de la journée où elle change rapidement.

C’est du nom de ce tableau qu’est tiré celui de ce mouvement de peintres.

L'impressionnisme

Avez-vous déjà observé comme les couleurs changent au moment du lever et du coucher du soleil ? En fin de journée par exemple, lorsque le soleil commence à être bas dans le ciel, tout se pare d’une couleur chaude, presque d’or. C’est très bref, une dizaine de minutes tout au plus : c’est l’heure dorée. Quelques minutes plus tard le ciel prend une teinte orangée, rouge, rose, … Un camaïeux de tons chauds. Avez-vous déjà observé comme le paysage change à cette heure-là de la journée ? Les photographes le savent, c’est le meilleur moment de la journée pour avoir une belle lumière ! Elle est chaude, douce, enveloppante, bien plus agréable que celle de midi lorsque le soleil est au zénith.

Pour se rendre compte du changement qu’elle implique, voici un timelapse d’un coucher de soleil :

En faisant abstraction des flares qui apparaissent, vous avez observé comme les flancs des montagnes changent de couleur ? C’est cette impression éphémère que les artistes ont cherché à rendre, chose qu’il serait impossible de faire en peignant en atelier.

Au passage, pour ceux qui aiment les images de ce genre, je vous invite à aller jeter un oeil au travail d’un photographe que j’aime beaucoup (c’est pas un impressionniste 😛 ) : il s’agit de Beboy, maitre dans la gestion de ces couchers de soleil !

L'impressionnisme

Ben oui ! Toi et tes questions stupides, des fois !

Dans cette section, je vais volontairement réduire le champ de l’impressionnisme en choisissant des critères plus restreints que ceux d’un historien d’art. Alors ok, c’est réducteur, mais ce sont ces critères là qui seront retenus pour reconnaître en classe ce mouvement de peinture.

L'impressionnisme

Illustration : Thérèse Bonté

Les impressionnistes ont quitté leurs ateliers pour se rendre sur les lieux mêmes, afin de peindre « sur le motif ». Ils se rendent donc à la campagne, en ville devant les bâtiments qu’ils peignent, en bord de mer, … Ils reviennent souvent aux mêmes endroits afin de saisir les différentes lumières en fonction de l’heure de la journée ou encore de la saison.

Les Impressionnistes peignent vite ! Il n’y a aucun détail. C’est pour cela que leurs peintures sont faites par touches et non pas par aplats. Les couleurs utilisées sont des couleurs pures (primaires, secondaires, noir et blanc). C’est dans l’oeil du spectateur que les couleurs vont se mélanger. Elles sont douces, dans des tons pastels.

Les contours des objets, des personnages ne sont pas nets. Cela participe à donner une impression de mouvement dans la toile, on dirait que rien n’est figé.

Ce sont des tableaux à chaque fois très lumineux, ensoleillés, on trouve souvent des reflets dans l’eau,

Ce seront ces critères-là qui vont être retenus pour caractériser avec les élèves ce mouvement dans la suite du travail.

L'impressionnisme

L'impressionnisme

Pour l’entrée dans l’activité, je m’appuie sur une animation péda que j’ai eu avec Mme Britt-Mari Barth dont le thème était Elève chercheur, enseignant médiateur. Autant vous dire que le thème qu’elle a choisi pour présenter sa démarche m’a intéressé ! Ben oui, j’avais déjà cet article dans un coin de la tête !

L’idée qu’elle a développé est celle de la construction d’un concept (celui de l’impressionnisme) à l’aide d’exemples-oui (ceux qui respectent les critères de la notion sur laquelle on travaille) et d’exemples-non (ceux qui ne respectent pas l’ensemble des critères).

On ne dit pas à la classe ce sur quoi on travaille au cours de la séance, les élèves vont chercher des points communs entre les différents exemples-oui en les comparant, et les éléments communs qu’ils auront trouvés sont vérifiés par l’introduction d’exemples-non (j’espère être clair, n’hésitez pas à me le dire).

En faisant des allers-retours entre les exemples-oui et les exemples-non, les élèves construisent peu à peu les critères qui vont permettre de définir ce style de peinture.

Des exemples-oui :

Chemin montant dans l’herbe – Pierre-Auguste Renoir

1876-1877

Version HD ici (génial pour observer la touche du peintre)

L'impressionnisme

Les meules de fin d’été – Claude Monet

1891

 

L'impressionnisme

La balançoire

Auguste Renoir, 1876

Impression, soleil levant

Claude Monet – 1872

Un exemple-non :

L'impressionnisme

La ronde de nuit – Rembrandt

Et maintenant, les documents :

Si des lignes blanches apparaissent lorsque vous ouvrez le document, cliquez ensuite en haut à droite de la fenêtre sur Télécharger, puis Ouvrir avec.

L'impressionnisme

 

La fiche de trace écrite : c’est chez Cenicienta que ça se passe. J’ai choisi d’utiliser celle d’Impression, Soleil levant.

L'impressionnisme

Pour démarrer la seconde séance, on peut débuter par une activité de tri d’oeuvres : sont-ce des exemples-oui ou des exemples-non, et pourquoi ?

Bassin aux nymphéas, harmonie verte

Claude Monet – 1899

Portrait de Marie-Thérèse

Picasso

L'impressionnisme

Coucher de soleil écarlate

William Turner

A Nemi : rochers et buissons

Pierre-Henri de Valenciennes

L'impressionnisme

Les nymphéas, le matin

Claude Monet – 1915-1926

Et si on veut être sadique, on peut les lancer sur la piste des néo-impressionnistes (les pointillistes) et voir si la classe parvient à distinguer les deux :D.

On évoquera aussi le travail en série de certains peintres afin de capter les différentes ambiances dues aux différentes heures ou aux différents moments de l’année. On peut prendre l’exemple des meules de foin, de Monet (allez voir en bas de la page), mais on peut aussi s’intéresser à la série sur le Parlement de Londres, la cathédrale de Rouen ou bien les peupliers. Pourquoi pas diffuser la vidéo que j’ai mise plus haut, afin de montrer l’incidence de la lumière sur le rendu d’une scène ?

L'impressionnisme

L'impressionnisme

Un rappel : une pratique éclairante n’est pas juste une activité plastique autour d’un tableau étudié, mais une manipulation qui permet de mieux comprendre, par la pratique, l’une des notions étudiées.

Pour l’impressionnisme, voici donc quelques idées d’ateliers qui peuvent être menés :

1. Transformer un tableau déjà étudié au cours de l’année en tableau impressionniste. Dans cet atelier, c’est la touche sur laquelle on va insister, mais également épurer les détails présents et ne pas faire apparaître de contours.

2. Composer une image à l’aide de papier déchiré, et voir le résultat en s’en éloignant (travail sur le mélange optique)

Deux idées parmi celles présentes dans Histoires d’arts en pratiques

(toujours aussi bien fait, merci, merci Patrick Straub !)

3. Réaliser une petite peinture en un temps donné (15 à 20 minutes) : on propose un modèle que les élèves doivent imiter en une durée assez brève (contrainte de temps à laquelle les impressionnistes étaient soumis). Le travail par touches est exigé.

4. Réaliser une copie d’une oeuvre impressionniste (au pastel sec)

5.  A partir de l’album Mes petits bateaux, d’Eric Battut.

Après une découverte de l’album, on peut se lancer à faire comme l’illustrateur : prendre l’un des tableaux de ce mouvement et le prolonger en utilisant cette touche impressionniste. Le travail se fait à la gouache et au pinceau.

L'impressionnisme

L'impressionnisme

Les tableaux à prolonger sont : Les petits prés au printemps (Sisley) – Les meules de fin d’été (Monet) – La charette, route sous la neige à Honfleur (Monet) – La pie (Monet) – La yole (Renoir) – La famille de Monet dans leur jardin à Argenteuil (Manet).

Si des lignes blanches apparaissent lorsque vous ouvrez le document, cliquez ensuite en haut à droite de la fenêtre sur Télécharger, puis Ouvrir avec.L'impressionnisme

Avec encore de très bonnes idées de Patrick Straub tirées de son ouvrage

L'impressionnisme

En littérature, une exploitation de l’album Où est passée la reinette ?, de Géraldine Elschner, édité dans la collection Pont des Arts. C’est chez Crayon de Soleil que ça se trouve !

L'impressionnisme

Chez Mitsouko, vous allez découvrir, pêle-mêle, des ressources autours de Claude Monet et pas mal de liens sur l’artiste et son oeuvre. Et ne ratez surtout pas, en bas de l’article, le lien vers son travail sur les Nymphéas !

L'impressionnisme

Le livre qui m’a beaucoup aidé à me mettre au clair avec l’Impressionnisme : c’est une mine d’informations et il est très bien expliqué !

17 pensées sur « L’impressionnisme ! »

  1. Carocapucine
    dit :

    Ben dis donc, tu deviens un vrai pro de l’histoire des arts !!! Félicitations en tous ça pour ce travail très complet ! Je pense que je vais prendre le temps de tout bien lire pendant les vacances qui approchant à grands pas… Merci !

    OlivierI

    Mercredi 13 Avril à 09:48

    Merci Carole ! Tu les auras bien méritées, ces vacances !

  2. OlivierI

    dit :

    Merci Carole ! Tu les auras bien méritées, ces vacances !


  3. Djoum
    dit :

    Coucou. Effectivement, comme je le pressentais, cet article est super!!! La fan d’ « impression soleil levant » que je suis ne peut qu’être émerveillée. Mille mercis pour ces articles si bien documentés et tellement intéressants.


  4. Djoum
    dit :

    Et je jalouse aussi la chance d’avoir eu d’assister à une animation pédagogique de Britt-Mari Barth! J’ai découvert sa méthode grâce à un prof passionné à l’iufm et je l’applique souvent… Mais encore jamais en arts! Quelle excellente idée :-)) merci encore

    OlivierI

    Mercredi 13 Avril à 09:51

    Hello Djoum, et merci ! Effectivement, c’était très intéressant. Comme je le dis souvent, une anim péda intéressante, c’est comme une inspection : au mieux c’est une fois tous les 3 ans Je connaissais sa méthode pour l’avoir travaillée en étude de la langue, mais c’est vrai qu’en arts, c’est intéressant à tenter également.

  5. OlivierI

    dit :

    Hello Djoum, et merci ! Effectivement, c’était très intéressant. Comme je le dis souvent, une anim péda intéressante, c’est comme une inspection : au mieux c’est une fois tous les 3 ans Je connaissais sa méthode pour l’avoir travaillée en étude de la langue, mais c’est vrai qu’en arts, c’est intéressant à tenter également.

  6. Carocapucine
    dit :

    Nous avouns eu droit à une animation avec Françoise Barbe-Gall cette année : un vrai régal également ! Je conseille vraiment ses ouvrages.


  7. Lala78
    dit :

    Encore un très bel article

    OlivierI

    Jeudi 14 Avril à 08:50

  8. OlivierI

    dit :

     

  9. Djoum
    dit :

    Mon banquier et mon conjoint ne te remercient pas mais mon fils et moi si! Nous venons de découvrir « Mes ptits bateaux » (et oui il y en a encore dans cette collection que je n’ai pas ;-)) et quelle merveille 😉 Merci donc :-p

    OlivierI

    Vendredi 15 Avril à 09:42

    Encore un de cette collection qui est magnifique ! En même temps, on est sûr de ne pas se tromper avec eux ! (quoique, le dernier sur Bosch ne m’a pas emballé du tout…)

  10. OlivierI

    dit :

    Encore un de cette collection qui est magnifique ! En même temps, on est sûr de ne pas se tromper avec eux ! (quoique, le dernier sur Bosch ne m’a pas emballé du tout…)


  11. BigBoom
    dit :

    Encore un bel article très complet, j’adore Monet, j’ étais allée visiter sa maison et ses jardins à Giverny, un moment  délicieux! Merci pour ce partage Olivier

    OlivierI

    Samedi 16 Avril à 14:57

    J’ai pas encore eu cette chance  mais c’est sur ma To do list pour le jour où je serai dans cette région !

  12. OlivierI

    dit :

    J’ai pas encore eu cette chance  mais c’est sur ma To do list pour le jour où je serai dans cette région !


  13. auléric
    dit :

    merci pour cet article très clair et pour la mine des documents. x

    OlivierI

    Samedi 16 Avril à 14:57

    Avec plaisir !

  14. OlivierI

    dit :

    Avec plaisir !


  15. auléric
    dit :

    J’en profite, je glisse le lien de ce que nous avons fait nous sur ce thème (étudié plus rapidement sur une séance d’observation puis la réalisation en  3 phases )
    http://cartablecie.eklablog.com/nympheas-de-monet-version-cm2-a125679956


  16. MultiK
    dit :

    Wouaw, cet article est tellement complet… Merci , j’avais traité ce sujet lors d’un voyage à Paris avec les élèves, si ça se reproduit, je saurai où aller….

    OlivierI

    Dimanche 17 Avril à 09:04

  17. OlivierI

    dit :

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